Entrevue avec Philippe Lemieux et Garry, lauréats du prix Hubert-Reeves 2021, Jeunesse


Entrevue avec Philippe Lemieux et Garry, lauréats du prix Hubert-Reeves 2021, Jeunesse

Le lundi 7 juin 2021

Faites connaissance avec les lauréat.e.s des prix 2021 de l’ACS

Le vendredi 28 mai dernier, l’Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS) a dévoilé le nom des ouvrages lauréats du prix Hubert-Reeves 2021, le concours qui récompense les meilleurs ouvrages de vulgarisation scientifique en français au Canada. L'histoire du cinéma en BD 1. L’image en mouvement, de Philippe Lemieux (auteur) et Garry (illustrateur), publié aux Éditions Michel Quintin a remporté le prix Hubert-Reeves 2021 dans la catégorie Jeunesse.

Philippe Lemieux et Garry, vous êtes les créateurs de L'histoire du cinéma en BD 1. L’image en mouvement. Pourquoi avez-vous choisi d’expliquer le fonctionnement du cinéma et son histoire aux jeunes ?

Philippe Lemieux (auteur) : Je suis professeur de cinéma au niveau collégial depuis plus de 20 ans et susciter l’intérêt des jeunes pour l’histoire du cinéma est ma passion et ma vocation depuis très longtemps. Pour moi, le cinéma est un filtre à travers lequel je peux enseigner aux élèves des notions d’histoire, de sociologie, d’anthropologie et de mythologie. L’évolution du cinéma est aussi celle de la technologie du XXe siècle. Le cinéma est un art technologique et le passage de la photographie à l’image en mouvement, à laquelle se rajouteront la couleur, le son, le 3D, le numérique et toutes les autres découvertes scientifiques font bien la preuve que le cinéma est une forme d’expression humaine en constante évolution. Comprendre les complexités du langage de l’image et du son passe nécessairement par une appréciation du travail des pionniers tels que Thomas Edison, les frères Lumière et Georges Méliès qui ont posé les assises de cette forme unique d’expression artistique. C’est encore plus important pour les jeunes d’aujourd’hui d’être habile à décoder ce langage audiovisuel qui fait partie de leur quotidien et qui aura une importance considérable sur eux tout au long de leur vie.

Garry (illustrateur) : L’histoire du cinéma est une grande et longue histoire qui a formidablement évolué au fil du temps. Tout le monde aime le cinéma et il était primordial pour nous de faire connaitre les origines de ce média aux jeunes pour leurs faire prendre conscience que pour le cinéma naisse, l’image devait bouger et comment cela s’est fait. Peu de monde connait cette histoire et nous savions que les jeunes apprécieraient les origines d’un divertissement si merveilleux.

Pourquoi avoir choisi de le faire sous la forme d’une bande dessinée ?

Garry : La bande-dessinée rejoint tout le monde, petits et grands. L’idée s’imposait et nous savions que nous pouvions rejoindre le plus de monde possible car la bande-dessinée est tellement plus accessible et lue par une variété de groupes d’âge.

Philippe Lemieux : J’enseigne le cinéma en me servant de tous les véhicules de transmission à ma portée. Évidemment, il y a les cours et les films eux-mêmes, les livres et les conférences. J’ai publié des livres et des articles dans les revues spécialisées; je partage aussi ma passion du cinéma en ondes à la radio de CKOI (96,9) et de CIME (103,9). J’ai réalisé une série de courts-métrages intitulés « Les pèlerinages cinématographiques » dans lesquels je présente les lieux de tournage de films-cultes comme Jaws, The Exorcist et Rocky. En enseignant mes cours d’histoire du cinéma, j’ai réalisé que celle-ci déborde d’anecdotes intéressantes qui auraient tout à fait leur place dans une série de bandes-dessinées. Étant moi-même amateur de ce genre littéraire souvent négligé, j’ai fait une recherche me permettant de constater que notre projet n’avait pas encore été développé ailleurs et c’est ainsi que l’aventure de L’Histoire du cinéma en BD est née! Ajoutons qu’il s’agit d’un média parfait pour intéresser notre public-cible et que l’aspect graphique de la bande-dessinée est particulièrement bien adapté à l’illustration de concepts cinématographiques.

Selon vous, pourquoi est-il important de vulgariser des sujets de ce type à de jeunes lecteurs ? Qu’est ce que la vulgarisation de la science peut leur apporter ?

Philippe Lemieux : La science peut parfois être intimidante pour les novices et l’évolution technologique et scientifique de l’humanité a progressé de manière exponentielle depuis les 150 dernières années. La vulgarisation de concepts parfois assez abstraits pour un jeune public permet à ceux-ci de bien comprendre comment les choses fonctionnent et quels sont les enjeux actuels. La technologie moderne est telle que les utilisateurs ignorent son fonctionnement la plupart du temps mais pour continuer à évoluer et aussi pour éviter les erreurs du passé, les prochaines générations de scientifiques, de techniciens et d’innovateurs doivent comprendre les rouages de la vie qui les entoure. C’est le rôle primordial que joue la vulgarisation scientifique. L’évolution du cinéma illustre bien comment les nouvelles innovations reposent sur une bonne compréhension de ce qui a précédé. Sans une bonne compréhension des principes photochimiques, le cinéma en couleur n’aurait pas été inventé. Sans l’existence des premiers ordinateurs, les dinosaures du parc Jurassique n’aurait pu vivre de manière si convaincante.

Garry : En vulgarisant, on rend accessible aux jeunes des informations et sujets qui peuvent faire naitre un intérêt réel. La vulgarisation peut devenir les prémices d’une passion naissante ou susciter un intérêt et ainsi les inciter à en savoir plus par la suite.

Qu’est-ce que la vulgarisation de la science apporte à la société ?

Philippe Lemieux : Vulgariser les concepts scientifiques permet d’éveiller la curiosité des jeunes, de faire naître en eux un désir d’en savoir toujours plus et dans certains cas, donne lieu à une carrière qui aura des effets positifs sur l’existence humaine. De manière générale, la vulgarisation scientifique permet aussi de faire comprendre aux adultes le rôle crucial que joue la science et la technologie dans nos vies quotidiennes même si très souvent, on ne s’en rend même pas compte. Il n’y aucun secteur de l’activité humaine qui n’est pas touché par la science et la technologie. À première vue, un divertissement populaire comme le cinéma n’a rien à voir avec la science et pourtant, il suffit de s’arrêter au générique de n’importe quel film pour constater les centaines d’individus qui ont contribué à la fabrication de cette œuvre d’art qui provoque la rencontre de techniciens et d’acteurs, de peintres et de charpentiers, de maquilleurs et d’électriciens, de producteurs et d’informaticiens. Plus un spectateur est conscient de tout le travail que cela exige, plus il est en mesure d’apprécier le résultat final. Toute l’importance de la vulgarisation se trouve là.

Garry : C’est en vulgarisant qu’on rejoint le plus grand nombre de personnes et cela permet de pouvoir mettre des connaissances, des idées à la portée de tous et pouvoir les faire connaitre au grand public. La science devient alors plus accessible.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite écrire un livre scientifique destiné à des enfants et à des adolescents ?

Garry : Il faut parfois se mettre parfois à la place des enfants et se demander comment on pourrait les intéresser de façon ludique et amusante pour stimuler leur curiosité. Il faut trouver le moyen d’atteindre l’intérêt des jeunes sans tomber dans une lourdeur qui pourrait les désintéresser.

Philippe Lemieux : Écrire pour un public cible plus jeune n’est pas différent que d’écrire pour un adulte novice du même domaine. Bien expliquer un phénomène, bien illustrer un concept et bien vulgariser la science et la technologie est une constante peu importe l’âge du lecteur. Il est important de ne pas sous-estimer l’intelligence de nos jeunes.

L'histoire du cinéma en BD 1. L’image en mouvement, de Philippe Lemieux et Garry, publié aux Éditions Michel Quintin a remporté le prix Hubert-Reeves 2021, catégorie Jeunesse.

 

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