Entrevue avec Gilles Sabourin, lauréat du prix Hubert-Reeves 2021, Grand public


Entrevue avec Gilles Sabourin, lauréat du prix Hubert-Reeves 2021, Grand public

Le jeudi 3 juin 2021

Faites connaissance avec les lauréat.e.s des prix 2021 de l’ACS

Le vendredi 28 mai dernier, l’Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS) a dévoilé le nom des ouvrages lauréats du prix Hubert-Reeves 2021, le concours qui récompense les meilleurs ouvrages de vulgarisation scientifique en français au Canada. Montréal et la bombe, de Gilles Sabourin, paru aux éditions du Septentrion, a remporté le prix Hubert-Reeves 2021 dans la catégorie Grand public.

Gilles Sabourin, vous êtes l’auteur de Montréal et la bombe. Comment vous êtes vous intéressé au sujet des laboratoires secrets de Montréal durant la Deuxième Guerre mondiale ?

Quand j'étais à l'université, j'ai suivi un cours d'histoire des sciences, et ça m'a vraiment accroché. C'est à ce moment-là que j'ai entendu parler pour la première fois du Laboratoire de Montréal où se situe l’histoire que je raconte dans mon livre. Les années ont passées, je travaillais à temps plein, mon épouse et moi avons eu deux garçons, je n'avais pas beaucoup de temps libre. Puis, il y a environ 15 ans, je suis tombé sur un article historique sur la recherche nucléaire à Montréal pendant la Deuxième Guerre mondiale. Je me suis mis à lire tout ce que je pouvais là-dessus. La première chose qui m'a frappé, c'est qu'il y avait beaucoup de femmes qui avaient travaillé à Montréal, mais dont personne n'avait jamais parlé. Je me suis mis à la recherche de ces personnes et j'en ai retrouvé deux ainsi que beaucoup d'enfants de ces chimistes, physiciennes et mathématiciennes. Elles voulaient que leur histoire soit connue. Puis, on ne peut pas passer à côté de la question de l'espionnage au Laboratoire, c'est de la matière romanesque. Plus je fouillais, plus je trouvais qu'il y avait des aventures intéressantes. J'ai dû d'ailleurs couper dans mon manuscrit original pour en faire un livre qui se lit bien.

De vos recherches à la vulgarisation scientifique, quelle a été votre démarche de travail pour rédiger votre livre ?

J’ai d’abord écrit des articles sur les femmes du Laboratoire de Montréal pour le Bulletin de la Société nucléaire canadienne, trois articles entre 2015 et 2017. Puis l’idée d’un livre a fini par s’imposer dans mon esprit. Comme je travaillais à temps plein, j’ai décidé de me lever à tous les jours, une heure plus tôt et de commencer la journée en écrivant. Au bout d’environ quatre mois, j’avais une première version. Je l’ai fait lire par plusieurs personnes et après corrections je l’ai envoyé à quelques éditeurs. J’ai frappé le gros lot avec Septentrion! Mais ce n’était que le début. J’ai retravaillé mon livre pendant plusieurs mois, avec l’aide inestimable de Sylvain Lumbroso, éditeur associé, pour resserrer l’histoire et la rendre plus accessible.

Selon vous, qu’est ce que la vulgarisation de la science apporte à la société ?

La vulgarisation scientifique est tellement importante. C’est ce qui permet aux connaissances scientifiques de rejoindre la culture générale. Les personnes qui commencent un discours en disant « C’est compliqué » m’énervent au plus haut point. Je suis convaincu qu’on peut toujours trouver les mots pour rendre les connaissances scientifiques accessibles au plus grand nombre. Ça demande du travail, mais c’est possible. On a vu dans la dernière année avec la COVID-19 que la vulgarisation scientifique est essentielle à la fois pour que les gouvernements prennent des décisions scientifiquement fondées et pour que les citoyens et citoyennes y adhérent en toute connaissance de cause. C’est sûr que rien n’est parfait, qu’il y a des jeux de pouvoir, et tout ça. La dissémination des connaissances scientifiques nous donne des outils pour pouvoir juger les actions de ceux qui détiennent les leviers de pouvoir.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite écrire un livre scientifique destiné au grand public ?

Quand on trouve une bonne idée de livre, il faut d’abord éplucher la question, parler aux scientifiques, lire abondamment. Par la suite, le plus important, je pense est la persévérance et travailler son écriture. Puis, faire lire son texte à des personnes sans formation scientifique pour avoir leur réaction. Quand je lis un livre, j’aime qu’on me raconte une histoire. C’est ce que j’ai essayé de faire dans Montréal et la bombe.

Montréal et la bombe

Montréal et la bombe, de Gilles Sabourin, paru aux éditions du Septentrion a remporté le prix Hubert-Reeves 2021, catégorie Grand public.

 

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