Questions-Réponses : Projet Pulsar


Questions-Réponses : Projet Pulsar

Le mardi 20 juin 2017

Par Carine Monat et Virginie Bounouane

Le projet Soucoupe volante a remporté en mars 2017 l’appel à projets PULSAR lancé par l’Association des communicateurs scientifiques du Québec et le Consulat général de France à Québec.

Soucoupe Volante est un magazine jeunesse papier francophone à destination des 8-10 ans qui, pour sa 3e édition, proposera un voyage au coeur des sciences entre le Québec et la France à travers des articles, des jeux, des reportages et des dossiers thématiques. Soucoupe Volante offre une immersion ludique, interculturelle, décalée, curieuse et entraînante dans les sciences qui nous entourent. Ce magazine, distribué gratuitement, sera co-imaginé et co-construit par trois structures de culture scientifique française et québécoise : le centre de culture scientifique (CCSTI) La Rotonde, à Saint-Étienne, le Planétarium de Saint-Étienne et le Musée Redpath à Montréal.

Guillaume Desbrosse est directeur du CCSTI-La Rotonde et Sara Pimpaneau est coordonnatrice de bureau au Musée Redpath –Université McGill.

1.    En quoi consiste le projet Pulsar « Soucoupe Volante »?

Sara Pimpaneau (S.P.) : Le Musée Redpath et le CCSTI-La Rotonde sont tous deux des institutions qui se spécialisent dans la diffusion du savoir scientifique auprès du grand public tout en ayant un accès privilégié à la recherche de par leur appartenance respective à l’Université McGill et à l’École des mines de Saint-Étienne. Différents types de collaborations sont à l’étude depuis 18 mois, et l’invitation à participer au projet Soucoupe Volante était une occasion unique pour le Musée Redpath de s’impliquer dans la rédaction d’un magazine pour enfants. En créant du contenu pour les 8-10 ans de part et d’autre de l’Atlantique, le Musée Redpath peut ainsi être une fenêtre sur la recherche scientifique qui se fait au Québec.

Guillaume Desbrosse (G.D.) : D'habitude, les numéros du magazine sont plutôt généralistes. Avec l'appel à projets lancé par le Consulat général de France à Québec et l’Association des communicateurs scientifiques du Québec, nous nous sommes dit que c'était l'occasion de faire un numéro thématique.

2.    D'où vient le nom Soucoupe volante?

G.D. : C'est le surnom qu'a donné notre public à la Rotonde. La Rotonde est un centre de culture scientifique basé au sein de l'école des mines de Saint-Étienne depuis près 17 ans. Le bâtiment est un ancien centre de calcul et il a une forme ronde assez rigolote et atypique. Au lieu de dire « On va à la rotonde », nos visiteurs disent « On va à la soucoupe ». C'est vrai qu'on dirait qu'il s'est posé dans la cour de l’École des mines et qu'il est prêt à décoller pour des aventures scientifiques. Ce nom-là nous plaisait bien.
De plus, on a réalisé notre premier numéro avec le planétarium de Saint-Étienne, qui a la tête dans les étoiles.

3.    Guillaume, c'est le troisième numéro du magazine, pourquoi avoir choisi le Québec comme partenaire francophone? Et pourquoi avoir choisi le Musée Redpath-Université McGill comme partenaire?

G.D. : C'est un choix basé sur de nombreux arguments. Un des plus importants est les liens historiques entre la France et le Québec, et notamment autour de la culture, et de la culture scientifique. Il y a vraiment une tradition d'essaimage des sciences, le plus largement possible et de façon originale, décalée, enivrante.
Il existe également beaucoup de liens entre le Québec et la France au niveau de l'enseignement supérieur, entre des laboratoires de recherche, des échanges d'élèves ou d'étudiants, entre autres avec l'École des mines de Saint-Étienne. Cela nous intéressait de nous lancer dans cette stratégie-là.
Nous avions déjà travaillé avec d'autres acteurs au Québec, et avions eu des relations de travail vraiment très enrichissantes, avec une facilité de travail et une efficacité redoutable.
Avec ce projet Pulsar, nous pouvons montrer notre réelle envie de collaborer et d'engager des projets concrets avec le Québec. Nous souhaitions pouvoir nous nourrir des pratiques de nos collègues à l'international, qui ont d'autres approches, d'autres techniques, d'autres formes de médiation. On veut mélanger tout ça.
La collaboration avec le Musée Redpath- - Université McGill est née de valeurs et d'objectifs communs. Dès nos premiers échanges, on a senti des similitudes d'approches. Chaque structure a à cœur la bienveillance vis-à-vis du public, la mise en valeur de la langue française, la qualité professionnelle, l'empathie. Donc on a senti qu'il y avait une possibilité de travailler ensemble dans une collaboration qu'on espère riche et fructueuse.
La clef, c'est que ces envies soient dans les deux sens. Les relations sont hebdomadaires, c'est riche, une émulation se crée.

4.    Sara, du côté du Musée Redpath, qu’est-ce qui vous a motivés à collaborer avec la Rotonde sur ce troisième numéro du magazine?

S.P. : Ce magazine n’étant pas lié à un calendrier d’évènement, chaque numéro est un document de référence que les enfants pourront lire et relire au fil des mois, voire des années. Bien que la création du magazine soit un projet ponctuel, le produit a une pérennité bien au-delà du moment de collaboration. C’est un aspect particulièrement attrayant du magazine qui le distingue d’autres magazines pour enfants. Par ailleurs, l’invitation du Centre de Sciences-La Rotonde à collaborer à des projets de culture scientifique a coïncidé avec une volonté du Musée Redpath de s’ouvrir à de nouveaux publics.

5.    Comment sont composés les numéros du magazine?

G.D. : Les magazines contiennent des jeux, des portraits, de la science du quotidien, la science dans la rue, des expériences pratiques réalisables par les enfants, des dossiers, des visites d'entreprises ou de laboratoires.

6.    Quels seront les sujets traités dans le magazine?

G.D. : On ne veut pas seulement traiter de sujets trop traditionnels. Mais on ne passera pas à côté de l'univers marin du Québec par exemple. Cela reste impressionnant pour des enfants français de savoir qu'il peut y avoir des baleines dans un fleuve. De même pour les enfants québécois, on parlera des montagnes avec le Mont-Blanc, le mont le plus haut d'Europe, ou des glaciers comme il y avait au Québec.
On prépare aussi un dossier sur le sport par exemple. On a choisi les sports les plus populaires dans chaque pays : le football (soccer) et le hockey sur glace. Nous souhaitons aller plus loin dans la présentation du sport, montrer la science dans ces sports en particulier. Comment un ballon de football rebondit, quels sont les matériaux utilisés ou comment on traite la glace avec la surfaceuse? On va valoriser le travail du chercheur qui cherche à ce que le bâton de hockey soit plus souple, mais rigide à la fois par exemple.
Un article aura également pour sujet la station spéciale internationale, avec le portrait des scientifiques Thomas Pesquet et Julie Payette. On se demandera si un enfant à Montréal voit le même ciel que l'enfant à Paris ou à Saint-Étienne... ? On pourra parler du climat, du décalage horaire...
L’idée est de balayer un peu toutes les sciences, de la recherche fondamentale aux sciences humaines et sociales, d'avoir une proposition assez variée pour que les enfants (8-10 ans) puissent s'y retrouver. Il y a aussi beaucoup d'humour.

7.    Comment vos différentes structures se sont-elles mises d'accord sur les sujets de chaque côté de l'océan?

S.P. : Les sujets principaux ont été confirmés lors de la visite de l’équipe de La Rotonde début mai 2017, sauf pour la partie sur l’astronomie qui sera rédigée par le Planétarium de Saint-Étienne en France et l’AstroLab du Parc national du Mont Mégantic au Québec.
Discussions et échanges sont les mots-clés définissant cette collaboration! Les thèmes ont été proposés tant par l’une et l’autre structure….

G.D. : Ce qui nous intéresse c'est surtout d'avoir aussi une approche interculturelle. Par moment, la relation entre la France et le Québec est caricaturale, très stéréotypée, dans les médias ou dans ce que les gens peuvent avoir comme opinion (des deux côtés de l'océan!). L'idée c'est d'avoir un magazine très juste interculturellement parlant, qui montre la réalité du terrain à la fois en France et au Québec, et notamment autour les sciences.

8.    Quels sont les contraintes et défis d'une collaboration transatlantique?

S.P. : La contrainte principale est le manque d’opportunités pour des discussions en face à face et des échanges informels. Toutefois, la visite à Montréal de l’équipe de la Rotonde en mai 2017 a permis de travailler intensivement pendant trois jours pour faire mieux connaissance et surtout définir plus précisément contenu et style de présentation.
Les défis d’une collaboration à distance sont aussi ses forces puisqu’elle sous-entend à la fois travail en autonomie chacun de son côté et échange dans la création d’un projet commun. Les différences culturelles à l’échelle institutionnelle affectent relativement peu le déroulement du projet. Au niveau du projet lui-même, ces différences sont plutôt une source d’idées puisque les façons de travailler, l’approche intellectuelle et jusqu’au vocabulaire utilisé dans les échanges sont source d’inspiration. Pour le Musée Redpath, c’est aussi l’occasion d’élargir sa participation à la vulgarisation scientifique dans le monde francophone.

G.D. : La contrainte principale est à l'image du magazine : l'approche interculturelle. Même si on a une langue commune, on a deux cultures différentes. On a des approches différentes, et par moment, cela peut générer de l'incompréhension. Il faut être très ouvert, très à l'écoute. C'est ça qui est enrichissant. On ne veut surtout pas - et on se battra pour cela - un magazine qui soit bourré de stéréotypes et de clichés. Nous souhaitons que lorsqu’un enfant québécois le lise, il se retrouve bien quand on parle du Québec et qu'il soit curieux de découvrir ce qu'il se passe en France, et inversement.

 9.    Comment allez-vous diffuser le magazine au Québec?

S.P. : Les exemplaires pour le public québécois seront partagés entre le Musée Redpath et l’AstroLab du Mont Mégantic et seront en grande partie diffusés aux visiteurs de ces institutions. D’autres moyens de diffusion sont à l’étude.

10. On a pu lire sur le site web de la Rotonde que ce projet s'inscrit dans une collaboration plus large avec l'Université McGill. Quels sont les autres projets développés avec la Rotonde et le planétarium de Saint-Étienne?

S.P. : La collaboration entre la Rotonde et le Musée Redpath inclut entre autres une série de portraits de scientifiques (exposition plein air à Saint-Étienne/site web), projet de visites virtuelles (une classe qui visite La Rotonde à Saint-Étienne prendrait rendez-vous avec un guide du Musée Redpath pour faire une visite thématique en direct).

11. Quelles sont les retombées que vous attendez d'une telle collaboration?

S.P. : Pour le Musée Redpath, on espère une participation plus active à la diffusion de la culture scientifique au Québec et donc une plus grande visibilité au sein de la société francophone au Québec; une diversification des outils de diffusion de la culture scientifique en participant à la production d’un magazine pour enfants; et bien sûr… continuer de développer des projets avec La Rotonde!

G.D. : On espère être débordés. (rires). On espère des retombées humaines et qualitatives, générer de l'intérêt chez les enfants et plus d'interactions entre les enfants.

Propos recueillis par Carine Monat

 

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