La recherche en communication scientifique : par qui et où?


La recherche en communication scientifique : par qui et où?

Le mercredi 31 mai 2017

Valérie Levée

Pendant que nous, communicateurs scientifiques, exerçons notre métier de muséologue, enseignant, journaliste, animateur..., dans les universités, des chercheurs font de la communication scientifique leur sujet d’étude. Lars Guenther et Marina Joubert, respectivement chercheur postdoctoral et chercheuse à l'Université Stellenbosch en Afrique du sud, ont justement dressé un portrait de l'évolution des publications dans ce champ de recherche depuis 40 ans. Ils viennent de publier ce travail dans Journal of Science Communication (JCOM).

Ils ont épluché la totalité des articles révisés par les pairs parus dans trois revues consacrées à la communication scientifique : Science Communication Linking Theory and Practice, Public Understanding of Science (PUS) et JCOM. L'analyse n'est donc pas exhaustive puisque des articles traitant de communication scientifique paraissent dans d'autres revues. Elle omet aussi les revues publiées dans une autre langue que l'anglais.

L'analyse commence en 1979, année de naissance de Science communication, qui publie une vingtaine d'articles annuellement. La naissance de PUS en 1992 puis de JCOM en 2002 a quintuplé la production qui a atteint la centaine d'articles publiés annuellement en 2012. Cette progression est surtout le fait de PUS, qui est passé de 4 à 6 numéros par année. Plus qu'un essor de la discipline, cette progression reflète plutôt l'augmentation de la production scientifique en général.

Au total, dans ces trois revues et depuis 1979, Guenther et Joubert ont recensé 1807 articles et 2680 auteurs. Les trois quarts des articles n'ont qu'un ou deux auteurs et la plupart des auteurs ne publient qu'un seul article.  Et lorsque plusieurs auteurs signent un même article, ils sont issus d'un même établissement de recherche. La recherche demeure donc isolée et ponctuelle et les collaborations interuniversitaires sont rares.

Un changement s'opère toutefois depuis quelques années : la recherche change de sexe. Alors qu’elle était majoritairement masculine dans les années 1980, elle se féminise avec le nouveau millénaire, quoique le paysage diffère grandement d'un pays à l'autre. Ainsi, elle est encore largement masculine en Allemagne, Danemark, Espagne et Pays-Bas ; elle est « paritaire » en Suisse, au Japon et au Canada, et c'est au Brésil que la féminisation est la plus marquée. La recherche est aussi majoritairement anglo-saxonne, les États-Unis en tête avec 1401 publications, soit plus de la moitié des contributions. Le Royaume-Uni suit avec 569 articles et le Canada avec 192. Viennent ensuite quelques pays européens et le Japon et le Brésil en 10ème position.

Guenther et Joubert n'abordent aucunement les sujets de recherche ni leur évolution au fil des ans. Ce n'était pas leur objectif. C'est pourtant sans doute ce qui nous, communicateurs scientifiques, nous intéresse le plus. Pour améliorer nos pratiques, nous aurions tout intérêt à nous tenir au courant des recherches faites dans notre domaine. Or paradoxalement, si nous avons l'habitude de remonter à la source pour lire des études scientifiques en santé, en biologie ou autres domaines, nous sommes probablement peu nombreux à lire ces études en communication scientifique… Pour les intéressés, JCOM est en accès libre.

Après un doctorat en biologie et 10 ans de recherche en biologie moléculaire des plantes, Valérie Levée a troqué les pipettes pour la plume. Depuis 10 ans, elle est maintenant journaliste indépendante spécialisée en science, architecture et urbanisme et écrit, entre autres, dans Formes, Esquisses, Plan…

 

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