Révélation venue du nord


Révélation venue du nord

Le mercredi 11 septembre 2013

Un portrait d'Alexandre Guertin-Pasquier, lauréat du Prix de la relève de la bourse Fernand-Seguin 2013.

Par Anabel Cossette Civitella

À peu près tous les aventuriers vous diront que chaque voyage crée un traumatisme. Mais lorsqu’un jeune chercheur vous dit qu’il a vécu sur une île déserte dans l’Arctique canadien à observer des grains de pollen figés dans une forêt datant d’il y a trois millions d’années et qu’il a tout remis en question à la suite de cette aventure, on a encore plus envie de le croire.

À 6 ans, il aurait aimé être Christophe Colomb et découvrir de nouvelles terres. À l’adolescence, il se voyait plutôt astrophysicien pour découvrir les étoiles. Finalement, plutôt que devenir découvreur du nouveau, il s’est mis à fouiller et à trouver ce qu’il y avait de vieux dans la terre, ce qui l’a amené à s’envoler vers le Grand Nord canadien, à 1000 km d’Iqaluit.

« C’est l’expérience humaine la plus traumatisante qui soit. C’était moi avec moi-même, explique Alexandre Guertin-Pasquier, lauréat du Prix de la relève de la bourse Fernand-Seguin 2013. Le soleil ne se couchait jamais. Tu as le temps de tout remettre en question. Le pire dans tout ça, c’est que j’avais visité la Chine juste avant. De trop de monde, il n’y avait plus personne. […] J’ai beaucoup grandi, mais j’ai perdu des amis. Je suis devenu sage avant le temps. »

À ce moment-là, la bourse Fernand-Seguin était loin. Pourtant, ses recherches dans la forêt boréale ont attiré l’attention des médias. Il s’est retrouvé devant la caméra de l’équipe de Canal Savoir pour répondre à des questions sur ses recherches qui faisaient un parallèle avec les changements climatiques. Puis Québec Science s’y est intéressé. « J’ai commencé à faire du journalisme, mais de l’autre côté de la caméra en étant la personne interviewée », commente-t-il.

Assez rapidement, il s’est rendu compte que le journalisme était un puissant moyen de transmettre de l’information. Bien plus efficace que d’écrire une thèse qui va « prendre la poussière » sur une étagère. Suite à cette révélation, Alexandre s’est lancé dans un certificat en journalisme et a sauté sur toutes les opportunités qui se présentaient à lui.

Démocratiser la science

Quel journaliste ne rêve pas de démocratiser l’information? Ce n’est pas différent pour Alexandre Guertin-Pasquier. Pour lui, c’est l’information scientifique qui doit être plus accessible. « J’ai eu la chance que mes travaux soient publiés bien plus que je ne le pensais. En général, ça ne laisse pas beaucoup de traces. Un jour peut-être, les scientifiques vont se mettre plus aux médias », espère le lauréat.

Et ce ne sont pas des paroles en l’air. Le détenteur d’une maîtrise en paléoécologie est aussi vice-président du futur Musée de paléontologie et de l’évolution à Montréal. Le projet est sur la table depuis 18 ans, mais qui sait, il aboutira peut-être, sous le mandat d’Alexandre Guertin-Pasquier?

Toujours dans l’idée de démocratiser l’information, le jeune homme a goûté à différents médias. Après avoir longtemps cru qu’il n’y avait que la plume qui l’intéressait, il a tenté l’expérience du petit écran et, franchement, ça lui a plu. « Il y a une avenue pour la télé », explique-t-il. Pour lui, le Québec ne débat pas assez de science et la télé est un bon moyen de pallier à ce manque. En fait, écrire pour une section ou un magazine scientifique ne rejoint pas un nouveau public, remarque-t-il. Au contraire :« tu parles à des gens qui s’intéressent déjà à la science ». La télé et la radio étant ce qu’elles sont, en changeant de poste, il y a bien des chances que des auditeurs tombent sur une émission de culture scientifique et, sans être des érudits, continuent à écouter.

Alexandre Guertin-Pasquier fait aussi du vélo, voyage beaucoup et aime bien la couleur verte. Ah oui, Alex aime bien les chats et les gens qui se construisent eux-mêmes. Combien parie-t-on qu’il sera un modèle à suivre?

À bicyclette ou à la course, de la jungle ougandaise aux forêts laurentiennes, Anabel Cossette Civitella s'est enrôlée assez jeune comme pousse-crayon : à 16 ans, elle gribouille pour le journal étudiant de sa polyvalente, puis elle tombe amoureuse du journal étudiant de l'université McGill. Dans la dernière année, après avoir travaillé au Journal de Montréal et à l'Étoile, l'hebdomadaire francophone du Nouveau-Brunswick, Anabel Cossette Civitella veut maintenant goûter au journalisme scientifique.

 

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