8 juin 2013 : où en est le Musée de l'environnement de la Biosphère?


8 juin 2013 : où en est le Musée de l'environnement de la Biosphère?

Le mercredi 19 juin 2013

Fermée, pas fermée cette Biosphère? Musée, ou plus musée? Institution montréalaise ou fédérale? Accès public ou accès restreint?

Par Thérèse Drapeau

Excellent sujet d’intérêt public! Encore faudrait-il que les principaux interlocuteurs acceptent d’en parler. Malheureusement, la cinquantaine d’employés touchés par les compressions depuis un an, permanents, temporaires, d’agences ou autres, n’osent se prononcer de peur de compromettre leurs chances d’obtenir un nouvel emploi au sein, ou pas, d’Environnement Canada dont relevait le Musée de l’environnement logé dans la Biosphère sur l’Île Ste-Hélène.

Quant à la position officielle, fut-elle fédérale ou municipale, bien malin qui pourra l’expliquer! Il semble qu’aucun document confirmant le changement de vocation du Musée de l’environnement de la part d’Environnement Canada n’ait été transmis à la Ville de Montréal, ce qui justifie son absence de réaction… Et ce, malgré les manifestations à l’Hôtel de ville, appuyées par les partis municipaux d’opposition. Difficile d’ignorer le sort fait au personnel muséal, éducatif et d’animation qui a donné à la Biosphère, depuis 18 ans déjà, ses lettres de noblesse en éducation relative à l’environnement et au développement durable …

ripbio

Oeuvre réalisée par Pierre-Olivier Boucher (Péo) pour souligner la fermeture du Musée de l'environnement de la Biosphère.

Le gouvernement Harper n’a pas intérêt à annoncer la rupture du bail avec la Ville de Montréal qui l’oblige à offrir en ces lieux, jusqu’en 2019, un site d’interprétation et d’éducation du public en matière d’environnement. Par la bouche de son représentant du Service météorologique du Canada, qui y installera sous peu des bureaux pour ses fonctionnaires. Il prétend que la priorité du ministère se tourne désormais vers les enjeux météorologiques dont il souhaite informer le public… Fallait-il pour cela décimer toute l’expertise du seul musée de l’environnement canadien?

L’ACS, Science pour tous, la Société des directeurs des musées de Montréal, la Société des musées québécois, le Comité des parents de la Commission scolaire de Montréal, plusieurs députés et autres élus de divers organismes et associations du domaine de l’environnement, de la science et de la communication scientifique dénoncent cette attaque frontale à la diffusion de la communication scientifique, à l’éducation à l’environnement et au développement durable. Une conférence de presse organisée par le syndicat des travailleurs de l’environnement de l’Alliance de la Fonction publique le 29 mai 2013 a fermement dénoncé cette situation. Le texte intégral et les signataires d’une lettre ouverte à ce sujet sont disponibles sur le site de Science pour tous #RIPbiosphere. Le même jour, l’Association des musées canadiens a aussi adopté une résolution en ce sens lors de son congrès annuel tenu au Yukon. 

Comment ne pas déplorer le sans-gêne avec lequel la Ville de Montréal et le gouvernement fédéral, responsables de ce patrimoine culturel inestimable, s’arrogent le droit d’en limiter l’accès et la jouissance, dès cet automne, aux publics montréalais, québécois, canadien et international. Hervé Fischer, président de Science pour tous, ironisait à peine en comparant ce qu’une telle situation aurait généré comme scandale à la mairie de Québec! 

La décision est irrévocable. Il n’est cependant pas trop tard pour profiter encore cet été de ce lieu mythique pour Montréal. Gâtez-vous, n’hésitez pas (l’accès est gratuit pour les membres de l’ACS)! De belles expositions y sont encore en cours. Quelques étudiants y accueillent les visiteurs même si les animateurs réguliers se cherchent un emploi, s’ils n’ont pas déjà quitté le musée. Le 5e étage offre toujours une vue immuable et extraordinaire sur l’île de Montréal, le fleuve et les Montérégiennes. Allez-y, emplissez-vous des vibrations extraordinaires que nous a léguées Buckminster Fuller, l’architecte visionnaire de ce symbole de l’Expo 67 qui a tellement influencé la muséologie et nos relations avec le monde. N’oubliez pas ces artisans qui ont fait de cet unique Musée de l’environnement un lieu dont nous serons longtemps fiers, malgré tout.

Thérèse  Drapeau

Muséologue et communicatrice scientifique

Ex-présidente de l’ACS et bénévole au long cours pour Science pour tous et le 24 heures de science

Ayant eu le privilège de travailler pour Environnement Canada et la Biosphère jusqu’à … récemment.

 

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