Pluton va en appel! Le débat est lancé


Pluton va en appel! Le débat est lancé

Le mercredi 22 mai 2013

Planète déclassée par l'Union astronomique internationale, Pluton devient la vedette d'une pièce de théâtre écrite par le professeur de mathématiques Jean-Marie De Koninck.

Par Jean-Daniel Doucet

La foule est fébrile. Les deux camps peaufinent leurs arguments. La bataille sera féroce. C’est le lancement de Pluton va en appel!, le nouveau «procès» théâtral de l’équipe Science et mathématiques en action (SMAC) du professeur Jean-Marie de Koninck.

Deux adversaires d’envergure s’affrontent pour clore le congrès annuel de l’ACFAS et souligner les 24 heures de sciences en ce vendredi 10 mai[1]. La source du litige? Le 24 août 2006, une résolution de l’Union astronomique internationale exclut Pluton des planètes du système solaire.

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La décision est exceptionnellement serrée. Les astronomes sont pour une rare fois déchirés. L’objectivité scientifique laisse même place aux sentiments qui alimentent de furieux débats. Le verdict est, lui, sans équivoque. Pluton est déchue sans qu’on ne consulte les planètes. C’est donc à leur tour de se mêler aux débats!

Neptune, planète gazeuse, s’oppose à réintégrer Pluton. Mercure, petite planète étourdie mais pleine d’énergie cinétique cherche à redonner à sa comparse son plein statut. Le Soleil, juge suprême, doit trancher. Quelle décision prendra-t-il?

Quand la science rencontre le théâtre

Depuis 2005, SMAC présente des spectacles mélangeant théâtre et animation scientifique. Rapidement, l’idée d’une pièce de théâtre à saveur scientifique naît dans la tête de Jean-Marie de Koninck, fondateur de SMAC et professeur au Département de mathématiques et de statistique de l’Université Laval. «Le public adolescent a toujours préféré les séquences où intervenaient les acteurs», confie le mathématicien.

Les obstacles sont cependant nombreux.  D’abord, les volets artistiques, humoristiques et scientifiques doivent être équilibrés. «Il y a eu de grosses négociations entre Michael Larraguibel [le metteur en scène] et moi», concède en riant M. de Koninck. «Heureusement, André-Anne Paquet, coordonnatrice du projet et Marie-Hélène Pedneau, adjointe et relationniste, ont servi de traductrices entre les deux univers.» Pour éviter un texte trop lourd et technique, SMAC a également produit un guide d’informations pour les plus curieux et les enseignants.

Les acteurs ont dû, quant à eux, intégrer le langage des mathématiques.«Le défi était surtout de conserver la rigueur scientifique», explique Sébastien Dorval, le juge Soleil dans la pièce. «Un millionième de milliardième, c’est pas la même chose qu’un milliardième de milliardième», ricane-t-il.

Au final, la collision entre science et théâtre donne un huis clos dynamique et ludique. Les informations scientifiques sont bien réparties et magnifiquement illustrées par des vidéos claires et amusantes. Le spectateur gravite doucement autour d’un trio de planètes brillamment personnifiées.

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L’origine de Pluton va en appel!

«Les mathématiques, ça vient de l’astronomie», affirme Jean-Marie de Koninck. «Nos ancêtres ont toujours été fascinés par le mouvement des astres dans le ciel. Pour comprendre ces mouvements, on a créé la géométrie d’où viennent les mathématiques.»

En 2006, la NASA lançait la sonde New Horizons en direction de Pluton pour explorer la planète et ses environs. Pour lancer un satellite comme New Horizons avec précision à des distances ahurissantes, les astronomes tiennent compte de la trajectoire des planètes et de leurs énergies. «Un satellite dans l’espace ça tourne pas sur un 10 cents. Il faut prévoir les mouvements. Il y a aussi du ‘’trafic’’ dans l’espace et on doit tourner au besoin! Ce sont des équations mathématiques qui permettent tout ça», explique M. de Koninck.  D’ailleurs, la NASA engage des centaines de mathématiciens pour assister ses ingénieurs et ses informaticiens.

Tournée planétaire

Pluton va en appel! atterrira à Paris en France le 2 juin prochain au Salon culture et jeux mathématiques. Si des modifications sont à prévoir dans le titre et le texte (en France, on fait appel plutôt que d’y aller!), l’équipe croit pouvoir séduire nos cousins outremer grâce à l’universalité du théâtre.

Pluton va en appel! reviendra en orbite autour du Québec dès la prochaine année scolaire. Le spectacle scientifico-théâtral sera en place au moins jusqu’en 2015, moment où la sonde New Horizons rencontrera Pluton, la planète devenue naine. À moins qu’on en décide autrement d’ici là…

Jean-Daniel Doucet est chimiste et chargé de projet pour Attraction chimique, une activité de vulgarisation itinérante et interactive pour les jeunes du primaire et du secondaire qui a remporté le Prix Relève Technoscience de l’ADRIQ en 2012. Titulaire d’une maîtrise en sciences biomédicales de l’Université de Montréal et d’un baccalauréat en biochimie de l’Université Laval, Jean-Daniel est également journaliste scientifique en herbe et récemment retraité de l’équipe du Québec de balle rapide.



[1] L’Industriel Alliance et Mitacs ont notamment permis la présentation de l’événement.

 

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