À la mode de chez nous


À la mode de chez nous

Le mercredi 1er mai 2013

Anne-Laure Nouvion raconte l'élaboration et les réalisations du magazine Médecine Sciences Amérique.

Par Benoît Laplante

Face au poids des travaux scientifiques écrits dans la langue de Shakespeare, une revue aux racines québécoises rappelle qu'il est possible de consommer de la science à la mode de chez nous: en français, par et pour des gens d’ici et surtout gratuitement.

«Le savoir n'est pas une marchandise, et d’ailleurs, pourquoi faire payer les gens pour y avoir accès?» lance Anne-Laure Nouvion, celle qui a aidé la revue électronique Médecine Sciences Amérique (MSA) à venir au monde.

Si MSA respire aujourd'hui et fait le bonheur d'une clientèle en quête de travaux de haut niveau où les domaines de la recherche biologique et médicale s'entrecroisent, c’est que la jeune scientifique au français tatoué sur le coeur a troqué les microscopes et les éprouvettes. Sans trop s'éloigner de son terrain de jeu, elle dirige la Société de la revue Médecine Sciences (SRMS) depuis deux ans.

«Imaginez la scène: ils sont venus me sortir de mon laboratoire pour monter un projet ambitieux qui donnerait une vision nord-américaine de la science en français.»

La SMRS, organisme sans but lucratif qui publie la revue, est comme un gardien qui veille à diffuser en français des travaux poussés en santé.

Alimentée par une communauté de scientifiques et de journalistes spécialisés dont la plupart sont originaires de la Belle Province, la revue s'approvisionne aussi en textes de contributeurs francophones férus de science situés un peu partout au Canada.

«Maintenir en vie une culture scientifique francophone, surtout dans cet océan anglophone qui nous entoure, est une mission que la revue est fière de poursuivre», fais valoir avec conviction la docteure en biologie qui est aussi membre de l'Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS).

Gratuité et accessibilité

Au-delà de leur caractère français, MSA croit en l’offre d’articles gratuits et libres d’accès dès leur date de parution. Une approche contraire à la majorité des journaux scientifiques.

Qui dit scientifique dit aussi efforts de vulgarisation. Bien que le lectorat soit principalement composé de chercheurs, d'enseignants et d'étudiants, les textes sont rédigés dans un style clair, vivant et compréhensible.

Les journalistes scientifiques contribuent également à MSA. En faisant de la vulgarisation par l'entremise de brèves journalistiques, ils permettent aux scientifiques curieux d'être au fait de ce qui se fait dans un domaine autre que le leur.

De la percée scientifique aux progrès thérapeutiques, en passant par les enjeux de santé publique, MSA couvre large. À ce jour, parmi les sujets épluchés: virologie, hormones sexuelles, biomarqueurs et Parkinson, entre autres.

Rejoint par la réalité des coupures

Suite à cette entrevue et quelques jours avant la parution de cet article, le Fonds de Recherche en Santé (FRQS), partenaire financier principal de la SRMS depuis 2 ans, a décidé, pour des raisons de coupes budgétaires sévères, d’arrêter sa contribution financière au soutien de la production de MSA. La production de la revue Médecine Sciences Amérique va donc être suspendue. L’équipe de la SRMS tient à souligner son engagement vis-à-vis des auteurs, des journalistes et de son public, pour maintenir en ligne le site Internet afin que chaque article publié demeure accessible. En revanche, ces compressions budgétaires mettent en péril l’avenir de la revue, l’accès au savoir et le maintien d’une science d’excellence de langue française.


Benoit Laplante est concepteur-rédacteur pigiste et conseiller aux communications à l'Institut canadien d'information sur la santé.

 

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