La démonstration scientifique à l’usage des futures enseignantes du primaire


La démonstration scientifique à l’usage des futures enseignantes du primaire

Le mardi 22 janvier 2013

Des expériences déroutantes et contre-intuitives pour intéresser les enseignantes qui ont laissé tomber les sciences plus tôt.

« L’eau bout jusqu’à geler », annonce calmement Yvon Fortin, conférencier principal depuis 2003 au Centre de démonstration en sciences physiques (CDSP). Dans la salle bondée du Cégep Garneau à Québec, de futures enseignantes* au primaire froncent les sourcils et se grattent la tête, fascinées. Devant elles, l’eau qui bouillait dans le vide d’une cloche de verre s’est bel et bien transformée en glace.

Par Jean-Daniel Doucet

Des démonstrations contre-intuitives comme celles de M. Fortin, les élèves du primaire et du secondaire en raffolent. Dans les prochaines années, ils pourront peut-être en profiter dans leur classe. Une nouvelle collaboration entre la Faculté des sciences de l’éducation (FSE) de l’Université Laval et le CDSP permettra de former les étudiantes en enseignement au primaire à la démonstration scientifique.

Du haut vers le bas de la pyramide

Ce nouveau partenariat avec la FSE de l’Université Laval s’inscrit dans la mission de formation que s’est donnée le CDSP. Cette tradition a débuté en 2000 lors d’un projet pilote de 3 ans avec la Commission scolaire de la Capitale. Celle-ci voulait du matériel pour outiller ses enseignantes. Après quelques rencontres, M. Fortin constate que le problème est plus profond. « Les enseignantes [au primaire] manquent de culture scientifique, elles doivent lire plus! », remarque-t-il.

Marcel Lafleur, directeur du CDSP, croit par ailleurs que «les enseignantes au primaire manquent bien souvent de confiance en elles pour enseigner les sciences. Elles n’ont que 75 heures de cours en didactique des sciences sur 4 ans de formation», précise-t-il.

C’est que plusieurs futures enseignantes au primaire abandonnent les sciences tôt dans leur cursus, parfois dans l’espoir de ne plus jamais les « subir » à nouveau! Or, elles devront en discuter avec leurs élèves. Selon M. Lafleur, il faut modifier leur vision des sciences et favoriser le développement d’une culture de la science.

Il faut dire qu’en tant qu’ancien chargé de cours auprès des jeunes étudiantes en enseignement au primaire de la FSE, le nouveau directeur du Centre de démonstration est bien placé pour connaître leurs besoins et faire le pont entre les deux organisations. « C’est une des rares collaborations qui traverse tout le système éducatif, du niveau universitaire en passant par le collégial jusqu’au primaire, souligne-t-il. Nos différentes expertises se complètent très bien. »

Messieurs Lafleur et Fortin du CDSP travaillent étroitement avec Nathalie Bacon, une professionnelle de recherche à la FSE, pour relier les compétences des enseignantes au primaire avec celles en démonstration scientifique du CDSP.

L’idée est de créer des ateliers de formation utilisant la démonstration pour les futurs maîtres au primaire. « Les détails restent à déterminer, mais nous voulons monter des démonstrations simples que pourront expérimenter les étudiantes en première année du baccalauréat en enseignement au primaire. Ces ateliers devraient par la suite inspirer aux étudiantes de 2e année des planifications pédagogiques qui intègrent la démonstration », ajoute M. Lafleur. Par la suite, le matériel développé par le CDSP demeurera à la FSE qui pourra s’en servir pour les prochaines cohortes.

Une relation gagnant-gagnant

Qu’en retire le CDSP dans tout ça? « Nous avons développé une expertise en démonstration scientifique à force de nombreux essais-erreurs, explique M. Lafleur. Nous cherchons à valider nos approches auprès de chercheurs en éducation et de futurs maîtres au primaire. » Ce projet fournit l’occasion au CDSP de recueillir des commentaires éclairés de leur clientèle principale et d’ajuster le tir au besoin.

Yvon Fortin sonde les futures enseignantes encore sonnées, mais souriantes. « Vous voyez, annonce-t-il enthousiaste, vous venez de vivre le même genre d’émotions que les grands scientifiques. Confronté à de l’inattendu, de l’inexpliqué, votre esprit s’emballe et les questions surgissent. Vos élèves aussi le peuvent, si vous frappez leurs émotions comme on vient de le faire. »

*Le féminin a été utilisé pour les enseignantes au primaire étant donné la forte majorité de femmes dans ce domaine.

 

Jean-Daniel Doucet est chimiste et chargé de projet pour Attraction chimique, une activité de vulgarisation itinérante et interactive pour les jeunes du primaire et du secondaire qui a remporté le Prix Relève Technoscience de l’ADRIQ en 2012. Titulaire d’une maîtrise en Sciences biomédicales de l’Universtié de Montréal et d’un baccalauréat en biochimie de l’Université Laval, Jean-Daniel est également journaliste scientifique en herbe et récemment retraité de l’équipe du Québec de balle rapide.

 

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