Profession: promotrice de science


Le jeudi 9 février 2017

Par Brïte Pauchet

Entre les journalistes, les animateurs, les muséologues et autres communicateurs scientifiques de tout poil se glissent des professionnels œuvrant à l’intersection entre relations publiques et recherche scientifique. Quels sont les défis de la portion de leur quotidien axée sur la communication scientifique ?

L’Association des communicateurs scientifiques s’est entretenue avec Marie-Andrée Fallu, agente de liaison scientifique au GRIL, le Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie et en environnement aquatique, Carole Brodeur, conseillère principale en promotion de la science auprès d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, et Julie Sansoulet, responsable coopération internationale, communication et éducation auprès de l’Unité Mixte Internationale Takuvik.

Quelles sont vos activités de communication scientifique? Quels en sont les publics cibles et les objectifs

Julie Sansoulet: Nous avons de nombreuses activités de communication scientifique. Par exemple, Arctic Ocean Arctique est un site web multimédia destiné aux élèves du secondaire. D’ici 2017, il accueillera 12 petits documentaires web de 3 à 5 minutes, associés à des modules éducatifs et des fiches pédagogiques. Mais nous sommes également présents dans des évènements grand public, comme le 24 heures de science.

Marie-Andrée Fallu: Nous participons à des festivals de science, comme Eureka! dans le Vieux-Port de Montréal et le 24 heures de science. Comme nous sommes installés dans un centre commercial ou dans un parc, nous devons attirer l’attention d’un public non acquis, les gens qui « passent par là ». Notre but est de sensibiliser les gens à la fragilité des écosystèmes aquatiques.

Carole Brodeur: Mon rôle est, entre autres, de faire rayonner la recherche en agriculture et en agroalimentaire pour que les gens du secteur soient conscients des ressources disponibles. C’est une communication à deux sens puisque les chercheurs écoutent les défis auxquels se buttent les associations de producteurs lors de séminaires, pour mieux y répondre. 

Outre le temps et l’argent, à quels défis faites-vous face?

Carole Brodeur:Un de mes défis consiste à équilibrer les nouvelles provenant des différents centres de recherche : l’animal versus le végétal, les recherches à petit budget versus celles qui mobilisent le plus de ressources, l’Ouest et l’Est!

Marie-Andrée Fallu: C’est très difficile d’attirer les gens dans des lieux un peu éloignés, même dans le cadre du 24 heures de science. Il y aura toujours des irréductibles, mais ils ne sont pas assez nombreux pour justifier l’investissement. On se déplace là où sont les gens.

Julie Sansoulet:C’est très difficile de diffuser nos actions « at large ». On a besoin de partenaires différents, susceptibles d’utiliser et de diffuser l’information, comme les écoles ou les réseaux d’excellence. Il faut aussi diversifier les modes de communication : blogues, sites internet, interventions en classe, exposition photos, documentaires, etc. 

Comment se déroule l’idéation, la création et le rendu des activités?

Julie Sansoulet:Notre stratégie est d’impliquer les scientifiques non pas en tant que demandeurs mais en tant qu'acteurs de la communication. On veut aussi associer au maximum le public cible, afin que la stratégie de communication soit en harmonie avec ses propres besoins.

Carole Brodeur:C’est fou comme les gens en science sont créatifs! Étrangement, le plus grand défi est la logistique de l’accueil parce que le contenu ne fait jamais défaut!

Comment réagit le public cible? Avez-vous des anecdotes à partager?

Julie Sansoulet:Les élèves sont extrêmement motivés. Ils comprennent les enjeux environnementaux au travers des expéditions et de l’aventure. Ils prennent des initiatives pour les représenter, comme le jeune Sael de 6 ans à peine qui nous a offert un si beau dessin suite à la campagne océanographique sur le brise-glace Amundsen.

Carole Brodeur:La réaction du public est toujours extrêmement gratifiante. Les gens sont avides de connaître les résultats de la recherche effectuée pour le bien commun! Il faut dire que je suis privilégiée par les sujets que j’ai à traiter : ultimement, c’est ce qu’on mange!

Marie-Andrée Fallu: Nous essayons toujours d’avoir du matériel vivant sur place. Il faut que ça bouge pour les attirer! « Quoi? Les libellules naissent dans l’eau et y vivent plus longtemps que sur la terre ferme? » C’est du bonbon de les voir découvrir ce qui est invisible aux yeux… et un excellent moyen pour expliquer la fragilité de ces écosystèmes.

Quelles sont les retombées de ces activités? 

Marie-Andrée Fallu:Le but est surtout de familiariser le grand public avec le « pourquoi » de nos recherches. Au final, ce sont eux qui paient nos subventions.

Carole Brodeur:Sortir la recherche de l’ombre permet à tous de bien saisir la portée de la recherche. Quand on pense que pour chaque dollar investi, la recherche rapporte normalement plus de 20$, ce n’est pas juste notre regard d’émerveillement qui s’allume, mais aussi notre sens de l’économie!

Brïte Pauchet est journaliste, recherchiste et rédactrice scientifique indépendante. Elle collabore avec des médias écrits, radiophoniques et télévisuels. Dans ses temps libres, elle assume, entre autres, la rédaction en chef du blogue du 24 heures de science

 

 

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