Le jeu, pour apprendre les sciences


Le jeu, pour apprendre les sciences

Le jeudi 17 novembre 2016

par Martin Primeau

Proposer des mises en situation ludiques afin de transmettre des concepts scientifiques. Voilà la prémisse qui a guidé Martin Périard dans l'écriture de son manuel « Apprendre les sciences autrement ».

Densité des corps, photosynthèse, éclipses lunaires : aucun sujet scientifique n’est trop complexe pour pouvoir être abordé avec des enfants d'âge primaire, selon Martin Périard, professeur de physique affilié au Collège de Bois-de-Boulogne et aussi docteur en didactique. « Les enfants peuvent connaître des concepts sans avoir à les mathématiser », souligne-t-il d'ailleurs dans l'avant-propos de son livre Apprendre les sciences autrement, qu’il présentera au Salon du livre de Montréal ce weekend.

Son ouvrage propose ainsi 42 ateliers aux enseignants des différents cycles du primaire. Chacun tient en une ou deux pages, et aborde un concept scientifique précis. 

Si la plupart traitent de physique – son sujet de prédilection  –, d'autres abordent des questions de chimie, de biologie ou d'astronomie. Et n'allez pas penser qu'on y propose des démonstrations et des expériences qui font lâcher de grands « Wow! » aux enfants. Les ateliers prennent plutôt la forme d'activités psychomotrices. 

« En tant que physicien, je trouve les démonstrations insuffisantes, explique le spécialiste de didactique en entrevue. Les activités sont spectaculaires, mais est-ce que l'enfant retient vraiment le concept scientifique qui est derrière? »

Justement, pour amener les concepts à s'imprimer dans la mémoire des enfants, Martin Périard a imaginé une série d'activités où ils auraient à personnifier un objet ou une molécule.

Prenons le tout premier atelier en exemple. Intitulé « la danse des molécules », il aborde la question des états de la matière. Les enfants y sont amenés à personnifier chacun une molécule d'eau, sous forme de vapeur, de liquide, mais aussi de glace.

« Le réflexe des enfants lorsqu'on leur demande de former la phase solide, c'est de s'agglutiner de façon désordonnée, indique l'auteur. L'atelier permet de leur montrer que les molécules d'eau s'organisent en cristal et maintiennent une certaine distance les unes par rapport aux autres. » 

 

La genèse d'un livre

Plusieurs constats ont poussé le professeur de physique à écrire ce manuel.

Alors qu'il était étudiant au doctorat en didactique, il donnait des cours à de futurs enseignants. « J'ai eu un petit choc, confie-t-il. Certains étudiants avaient des connaissances inadéquates, alors que d'autres maîtrisaient des concepts sans le savoir. »

Mais c'est surtout en consultant le manuel de ses propres enfants qu'il a décidé d'intervenir. « Il y avait là certaines faussetés, affirme-t-il. Les auteurs de manuels ne sont pas nécessairement formés en science, et on véhicule parfois de mauvaises informations scientifiques pour cette raison. »

C'est alors que Martin Périard s'est rappelé un livre qu'il avait découvert lors d'un congrès. Celui-ci abordait la thématique des fourmis et ciblait des jeunes d'âge de la maternelle.

« Le livre faisait jouer les enfants, se souvient-il. Ils devaient se mettre dans la peau d'une fourmi et étaient placés dans différentes situations. »

S'inspirant de cette stratégie, le didacticien a voulu aborder des concepts de science. Il a ainsi développé plus d'une cinquantaine d'ateliers. La plupart se retrouvent dans le document qu'il vient de publier aux Éditions MultiMondes.

L'ouvrage fournit non seulement des stratégies d'apprentissage aux enseignants, mais leur insuffle aussi les connaissances de base pour pouvoir aborder chaque concept avec confiance. « En écrivant ce livre-là, je voulais complémenter le travail des enseignants, ajoute-t-il, et m'assurer qu'ils puissent se baser sur une information scientifique juste. »

 

Martin Primeau est journaliste indépendant spécialisé en science et en économie. Il a remporté le premier prix de la bourse Fernand-Seguin en 2008.

 

 

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