L’intérêt des jeunes en milieu scolaire pour la science : une réflexion féconde


L’intérêt des jeunes en milieu scolaire pour la science : une réflexion féconde

Le mercredi 29 juin 2016

Par Jean-Philippe Papineau

Le congrès 2016 de l'ACS qui se tenait à l'INRS les 27 et 28 mai derniers fut un succès. C'est bien souvent devant des salles combles que se sont déroulés les ateliers, à l'instar de celui intitulé Écoles et organismes de culture scientifique : augmenter l'impact de nos actions communes, présenté le samedi matin. À en juger par les échanges féconds, intéressants et teintés d'humour, par la période de questions animée et par les bons commentaires, le sujet en interpellait plus d'un et l'atelier fut très apprécié. La complémentarité des champs d'expertise et l'expérience professionnelle des trois panélistes ont certainement contribué au succès.

Étaient réunis, pour l'occasion, Martin Brouillard, cofondateur de Neurones atomiques et ancien enseignant au primaire; Geneviève Morin, conseillère pédagogique en sciences et technologie à la Commission scolaire de Montréal; et Ghislain Samson, professeur et chercheur en didactique des sciences et de la technologie à l'Université du Québec à Trois-Rivières.

À l’invitation de François-Nicolas Pelletier, chargé de recherche et vulgarisation au Centre des sciences de Montréal et animateur de l’atelier, les trois panélistes ont abordé la question de l’intérêt des jeunes en milieu scolaire pour la science. À tour de rôle, ils ont exposé leurs constats empiriques ou scientifiques de la situation actuelle, évoqué les déterminants de l’intérêt des jeunes à l’égard des sciences, l’impact des méthodes passées et présentes ainsi que des données récentes.

Bilan : les multiples enjeux et l’étendue de la situation actuelle posent un défi bien réel, mais qu’il s’avère possible de relever. « L’école doit éveiller les jeunes à la science, alors que certains éducateurs se décrivent comme public non scientifique », a souligné M. Samson.

Crédit photo: Hélène Carlettini, pour l'ACS

Or, les actions des intervenants et enseignants influencent bien sûr l’attitude et la motivation des jeunes à apprendre. Parmi les enseignants, certains feraient même état d’un sentiment d’incompétence lorsqu’il est question de science, ce qui les pousserait à se braquer contre le sujet. Avec des conséquences probables sur les jeunes.

Au cours de son intervention, Mme Morin a lancé quelques questions destinées à nourrir la réflexion, dont : « qu’est-ce que la littératie scientifique et qu’est-ce que la nature de la science?? ». Selon elle, la science doit occuper une place tout aussi importante que les matières fondamentales que sont les mathématiques et le français en milieu scolaire. 

Crédit photo: Hélène Carlettini, pour l'ACS

Bien que les enseignants semblent d’accord pour « allumer les jeunes à la science », il semble que certains d’entre eux sont désorientés « tel un chevreuil devant les phares d’une automobile » face à l’enthousiasme des jeunes pour les activités scientifiques, une métaphore qui a fait rire plus d’un participant.

Les préoccupations devraient donc se porter sur les enseignants et futurs enseignants, notamment du primaire et du secondaire, ainsi que sur l’accompagnement qui leur est offert, afin de les enthousiasmer pour la science. Les jeunes et leurs enseignants bénéficieraient de nouvelles approches, car le fossé entre la réalité et le contenu des programmes de formation universitaire et des manuels scolaires représente l’un des enjeux les plus importants. 

En étant mieux outillés, les enseignants pourraient jouer un « rôle de Claire Lamarche » en stimulant la curiosité par le questionnement et par la découverte guidée. « De bons enseignants devront être partie intégrante des projets de changements, si l’on espère qu’ils soient durables et efficients pour l’éducation des jeunes et de leur avenir », a soutenu Mme Morin.

C’est aussi en ce sens que s’orientait le propos de M. Brouillard. « Il ne faut pas faire à la place de l’enseignant, mais plutôt assumer un rôle de partenaire et permettre l’acquisition de connaissances qui contribueront à mieux l’outiller dans la réalisation d’activités scientifiques. » 

Crédit photo: Hélène Carlettini, pour l'ACS

« Le but est d’abord de créer des citoyens fonctionnels et connaissants sur le plan des sciences avant de penser en faire des scientifiques », a-t-il ajouté en parlant des élèves. Et pour y parvenir, « il faut aussi briser les mythes entourant la science, comme le sarrau blanc, le travail en labo et le caractère érudit. »

L’idée « d’engager l’élève dans une approche intellectuelle collective », soutenue par M. Brouillard, pourrait donc se révéler une stratégie adéquate et actuelle. Et cela pourrait se faire dès l’école primaire, période où « l’édifice des connaissances se construit », d’après M. Samson.

Pour conclure, à la suggestion de l’animateur, chaque panéliste a proposé aux participants une piste d’action concrète destinée à nourrir la réflexion : la diversification des approches, l’établissement de ponts entre les divers intervenants des milieux scolaires, privés et scientifiques et l’utilisation d’outils comme Éclairs de sciences, le docu-reportage et l’animation Web.

 

Jean-Philippe Papineau est un nouveau venu en communication scientifique, mais intéressé depuis longtemps par la science, la technologie et l’environnement. Il détient un bac en communication et possède une bonne expérience professionnelle couvrant plusieurs secteurs. Il est aussi membre de l’ACS, germanophile, globe-trotter et sportif émérite.

 

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