Auteurs jeunesse, à vos plumes!


Auteurs jeunesse, à vos plumes!

Le vendredi 6 mai 2016

Par Valérie Levée

La culture scientifique devrait commencer à infuser dès le plus jeune âge, dit-on. D’autant plus que les jeunes ont souvent naturellement soif de science. Ils ont l’émerveillement facile devant les bibittes, des petites à six pattes aux gros dinosaures, autant que devant les étoiles, les volcans,… Seulement, pour assouvir cette soif, ils n’ont pas beaucoup de livres de science à se mettre sous la dent. Confidences de Susane Duchesne, libraire responsable du secteur jeunesse à la librairie Monet à Montréal. 

Depuis plus de 15 ans, la librairie Monet cultive la littérature jeunesse. Elle en a fait une de ses spécialités et lui consacre une pièce de 13 m sur 13 m, où plus de 25 000 titres garnissent les tablettes. Parmi ces titres, 8000 sont des documentaires, des livres de science pour les jeunes. Huit mille, c’est beaucoup et peu à la fois quand on considère qu’ils visent autant les nouveau-nés que les adolescents. Or, évidemment, on n’écrit pas pour les 3-4 ans comme pour les 9-10 ans ou pour les 16-17 ans. Susane Duchesne le confirme, il y a moins de titres pour les jeunes que pour les adultes. Si c’est le cas pour toutes les tranches d’âge, c’est pour les adolescents que le manque est le plus flagrant. Ce n’est peut-être pas surprenant puisqu’avant Curium, ces mêmes adolescents étaient les laissés-pour-compte des magazines de science. Pourtant, la demande est là et elle vient autant des familles que des écoles car les livres de science, même s’ils ne sont pas des manuels scolaires, sont très utilisés par les enseignants. « Quelle que soit la chaque tranche d’âge, il n’y a pas assez de sujets traités et pas assez de titres par sujets. Il n’y a rien sur les inventeurs canadiens, très peu de chose sur l’environnement ou l’énergie », illustre Susane Duchesne.

Outre le fait que les livres de science jeunesse ne sont pas assez nombreux, trop peu sont québécois, regrette Susane Duchesne alors que la librairie Monet privilégie les titres québécois. Pourtant,  l’ACS compte parmi ses membres quelques auteurs jeunesse. Emmanuelle Bergeron est coauteure de Michel Sarazin, médecin et botaniste en Nouvelle-France, dans la collection Bonjour l’histoire aux éditions de l’Isatis. On connait aussi aux éditions MultiMondes les livres de Jean-Pierre Urbain en astronomie et plus récemment Découvrir les océans, de Serge Lepage, qui a d’ailleurs reçu le prix Hubert-Reeves jeunesse en 2015. Ces œuvres québécoises sont de bonne qualité, autant pour le contenu que pour le visuel, assure Susane Duchesnes. Le problème n’est pas la qualité mais la quantité. Elle en a déjà parlé aux éditeurs quand ils viennent en librairie s’informer du type d’ouvrages manquants. « Mais le marché québécois est restreint et la demande québécoise n’est peut-être pas suffisante pour rentabiliser le processus d’édition et d’impression », avance Susane Duchesnes. Les éditeurs comblent donc le manque en achetant des droits d’auteurs de productions étrangères et font des traductions. Et les libraires complètent l’offre des éditeurs québécois en s’approvisionnant auprès des éditeurs francophones européens. N’y aurait-il pourtant pas quelques talents québécois en sourdine pour prendre place sur les tablettes des librairies? 

Après un doctorat en biologie et 10 ans de recherche en biologie moléculaire des plantes, Valérie Levée a troqué les pipettes pour la plume. Elle est maintenant journaliste scientifique indépendante et écrit, entre autres, dans Quatre-Temps, Formes, Québec-Oiseaux, Plan…et remplit d’autres tâches connexes de la communication scientifique. 

 

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