Curium à la conquête des ados


Curium à la conquête des ados

Le lundi 29 février 2016

Par Alexandre Guertin-Pasquier

Dix-huit mois après son lancement officiel, Curium, le magazine scientifique pour les 14 à 17 ans, est un retentissant succès. Six mille abonnés plus tard, retour sur les défis et les réussites de ses créateurs.

Un grand soupir de soulagement : c’est ce qui résume le mieux la réaction qu’ont eu de nombreux professeurs, parents et adolescents à l’annonce du lancement de Curium, unique mensuel scientifique québécois destiné aux jeunes de 14 à 17 ans. Preuve de son importance, le nouveau-né des créateurs des Débrouillards est déjà le préféré dans plusieurs salles de classe et dans un nombre grandissant de foyers de la province.

Or, ce nouveau mensuel est le fruit de longues années de réflexion et d’hésitation. « Quand on demande aux ados ce qu’ils désirent pour Noël, ils répondent plus souvent de l’argent qu’un abonnement à un magazine éducatif! », explique Félix Maltais, éditeur de la revue. Le petit marché québécois des 14 à 17 ans demeurait donc à la fois un mystère… et un grand défi.

Malgré ces incertitudes, M. Maltais et son équipe ont tout de même décidé de tenter leur chance en septembre 2014. La raison? De nombreuses demandes d’enseignants et de parents, ainsi que les résultats spectaculaires d’un sondage effectué auprès de son lectorat visant à évaluer l’intérêt pour un tel projet. Il semblait donc y avoir un créneau pour un magazine de contenu pour ados dans cet univers inondé des plus récentes nouvelles d’Hollywood et des jeux vidéo de l’heure. 

Mêmes défis, clientèle différente 

C’est donc entouré d’une nouvelle rédactrice en chef, Noémie Larouche, et de son adjointe, Jade Bérubé, que le nouveau périple des Publications BLD s’est entamé il y a 18 mois. Un voyage en compagnie de lecteurs plus aguerris. « Une des principales préoccupations des 14-17 ans est de réfléchir sur le monde qui les entoure ainsi qu’à leur avenir, à la veille d’entrer au cégep. Ils sont donc plus que jamais à la recherche de modèles, idéalement de leur âge », explique Jade Bérubé.

Il existe donc des sujets qui se prêtent mieux à Curium, comme le biohacking et les changements climatiques, lesquels demandent certaines connaissances préalables. De plus, la nature des sujets permet de les approfondir et d’en faire des dossiers thématiques. Il est donc important de trouver des angles originaux (et scientifiques!) relatifs aux enjeux de société les plus actuels : le magazine doit donc s’adapter rapidement, tout en demeurant un repère pour ses lecteurs.

En outre, la bande dessinée a causé plusieurs soucis. « Par l’image, il faut être en mesure de passer du contenu scientifique parfois complexe, mais aussi qui touche le quotidien des adolescents. Il faut aussi savoir les faire rire, chose qui n’est pas toujours facile! », note à la blague Mme Bérubé. De nouveaux collaborateurs ont ainsi été appelés en renfort : seul le célèbre Jacques Goldstyn a fait la transition des Débrouillards vers Curium, tout en adoptant un style distinct et plus mature. 

Un avenir aux teintes roses et grises 

Malgré sa popularité, la santé de Curium demeure fragile. Le « vendredi noir »de 2014, lors duquel des coupes importantes en culture scientifique ont été annoncées puis annulées, aurait même pu sonner le glas de la nouvelle publication. « Cette annonce impromptue aura au moins eu le mérite de mettre l’accent sur la nécessité des vecteurs de vulgarisation scientifique », médite cependant M. Maltais. Le principal intéressé ne peut d’ailleurs pas s’empêcher de rêver : de nombreux partenariats sont envisagés, de l’Ontario en passant par l’Espagne et Hong Kong (!), où sont déjà repris, à l’occasion, des contenus des Débrouillards

Devant tant d’enthousiasme, Curium serait-il apparu en retard sur la scène québécoise? « Peut-être, avoue Félix Maltais. Mais le fait d’avoir mis le doigt dans l’engrenage en marge de la défunte Politique nationale de la recherche et de l’innovation (PNRI), qui prévoyait des investissements importants en culture scientifique, a beaucoup aidé. Sans ce genre d’apport, il serait difficile de garder en vie la plupart de nos magazines et de réaliser des campagnes de promotion ». Lors du dernier événement du genre, près de 40 000 Curium ont été remis aux élèves du secondaire, au grand plaisir de leur curiosité scientifique. 

Alexandre Guertin-Pasquier est lauréat du prix de la Relève 2013 de la bourse Fernand-Seguin. Après un passage aux émissions Découverte et Le Code Chastenay, il a travaillé à la création du Portail sur la recherche nordique et arctique de l’UQAM, puis a occupé le poste de coordinateur aux communications à l’Association francophone pour le savoir, l’Acfas, en 2015. Il est depuis peu directeur général du FICSUM, un organisme affilié à l’Université de Montréal offrant de nombreux services aux étudiants inscrits aux cycles supérieurs, dont la revue de vulgarisation Dire. Il est également vice-président du Musée de paléontologie et de l’évolution.

 

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