Lettre hommage à Thérèse Patry, par Hélène Leroux


Lettre hommage à Thérèse Patry, par Hélène Leroux

Le mardi 4 septembre 2012

La grande dame de la vulgarisation scientifique, celle qui a été à la barre des émissions de science à la télévision de Radio-Canada pendant près de 30 ans, n’est plus. Madame Thérèse Patry est décédée le jeudi 30 août dernier ; elle avait 76 ans.

La grande dame de la vulgarisation scientifique, celle qui a été à la barre des émissions de science à la télévision de Radio-Canada pendant près de 30 ans, n’est plus. Madame ThérèsePatry est décédée le jeudi 30 août dernier ; elle avait 76 ans.

 
Entrée à Radio-Canada à la fin des années cinquante, alors que bon nombre des artisans de Découverte d’aujourd’hui ne sont pas encore au monde ou ont à peine fait leur entrée à la petite école, Thérèse Patry gravit un à un les échelons jusqu’à celui de la réalisation. Son premier grand mandat : « La souris verte », une émission jeunesse novatrice qui marquera toute une génération.
 
Puis, elle prend le virage « science ». Elle se joint alors à l’équipe d’ « Atomes et Galaxies » ; à cette époque, les émissions de science relèvent du secteur « Jeunesse ». Pour la jeuneThérèse, ce sera le début d’une longue carrière en vulgarisation scientifique. Elle tourne au Japon, en Afrique, en Europe, aux États-Unis. Elle rencontre les plus grands, dont Wernher von Braun, avec qui elle visite la fusée Saturne Cinq. Elle s’intéresse à la physique, à l’archéologie, aux médecines traditionnelles… Puis, elle réalise « Techno flash », des clips d’information scientifique qui feront le tour du monde.
 
Lorsqu’en 1975, la science passe sous la responsabilité du Service de l’Information, une nouvelle émission est créée ; c’est « Science réalité ». Thérèse y est d’abord affectée à la production de reportages et de documentaires, dont une série de trois heures sur l’archéologie, produite en collaboration avec les télévisions publiques francophones. Plus tard, elle se verra confier le mandat de coordonner l’émission. Centrée sur la recherche et l’innovation en science, l’émission gardera l’antenne pendant treize ans.
 
Puis, le 11 septembre 1988, un tout nouveau magazine scientifique, plus dynamique, plus grand public, voit le jour ; c’est « Découverte ». Aux côtés du rédacteur en chef Pierre Sormany, Thérèse imagine une émission plus vulgarisée, où l’importance de la démonstration visuelle prend tout son sens. Les thèmes abordés sont multiples, près de l’actualité ; le public vient y chercher les clés nécessaires à l’analyse et à la compréhension des phénomènes. L’avènement récent de la vidéo et la disponibilité de plus en grande à l’infographie rendent désormais l’infiniment petit et l’infiniment grand accessibles. Le succès est instantané ; l’émission rejoint 20% de l’auditoire disponible, du jamais vu en science. À ses côtés, une équipe de journalistes et de réalisateurs chevronnés ; mais aussi une toute nouvelle génération d’artisans à qui elle fera confiance. Son principal enseignement : rigueur, rigueur, rigueur. Elle fera sien le vieux proverbe de Boileau : « Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage ». Pour ces jeunes qui ont peu d’expérience, l’occasion est unique ; le maître (la maîtresse dans ce cas-ci), exceptionnel. La voie est désormais pavée.
 
En avril 1997, Thérèse tire sa révérence, elle quitte Radio-Canada et part à la retraite. Mais, elle ne s’arrête pas pour autant. Convaincue de l’importance d’investir et de développer une relève en journalisme scientifique, Thérèse s’engage bénévolement auprès de l’Association des communicateurs scientifiques du Québec en acceptant la responsabilité de gérer le Concours de la Bourse Fernand-Seguin, une bourse dont elle aura contribué à la relance en 1992. Tout au long de sa carrière, Thérèse aura tracé le chemin de l’excellence, soutenue l’innovation et la créativité d’une nouvelle génération. Son héritage est immense. Nous garderons d’elle le souvenir d’une femme audacieuse, une pionnière engagée, déterminée, dont la passion de la vulgarisation scientifique n’avait d’égale que l’énergie qu’elle déployait pour la faire reconnaître.Thérèse Patry n’est plus. Mais pour plusieurs d’entre nous, elle demeurera à jamais la grande dame de la vulgarisation scientifique.
 
Adieu Thérèse, adieu mon amie.
 
Hélène Leroux 
Rédactrice en chef 
DÉCOUVERTE
 
POUR LUI RENDRE UN DERNIER HOMMAGE : 
Salon Memoria, Alfred Dallaire (4231, rue Saint-Laurent, Montréal), 
Vendredi prochain le 7 septembre, entre 14h00 et 20h00.

 

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