Congrès de l’ACS : faire le plein d’optimisme


Congrès de l’ACS : faire le plein d’optimisme

Le jeudi 2 juillet 2015

Par Kathleen Couillard

Le congrès de l’Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS), qui s’est tenu le 6 juin à Montréal, se voulait une réaction aux évènements qui ont momentanément assombri le milieu de la communication scientifique le 11 décembre dernier. Le thème choisi, Culture scientifique au Québec : crise et transformation, donnait d’ailleurs très bien le ton à cette journée de réflexion.

 « Le but aujourd’hui est d’aller chercher des regards externes pour nous propulser dans le futur », a souligné Binh An Vu Van, présidente sortante de l’ACS, en présentant les invités de la plénière de la matinée. Animée par la journaliste Sophie-Andrée Blondin, cette activité a ainsi offert la parole à Marie Grégoire, spécialiste de relations publiques, Chantal Thomas, consultante en philanthropie à l’Université de Montréal, Bernard Chevassus-au-Louis, président du comité de pilotage du Programme d’investissements d’avenir sur la culture scientifique en France et à la journaliste Marie-Claude Ducas. Cette dernière a d’ailleurs prononcé la phrase marquante de la plénière. « Nous vivons à une époque très intéressante. » Cette constatation n’est pas nécessairement encourageante, puisque les époques intéressantes ne sont pas faciles à traverser, a-t-elle expliqué. Par conséquent, il faut l’avouer, notre temps en est un de transformation auquel les communicateurs scientifiques doivent s’adapter. L’ensemble des conférenciers s’est toutefois entendu pour dire que les membres de l’ACS sont bien équipés pour partir à la conquête de cette époque intéressante.

Cependant, dans ce monde constamment en mutation, les journalistes scientifiques ont-ils toujours leur place? Cette interrogation a occupé le premier atelier de l’après-midi animé par Pascal Lapointe, rédacteur en chef de l’Agence Science-Presse. Stéphanie Thibeault, conseillère en communication de l’Institut national de la recherche scientifique, Alexandre Shields, journaliste en environnement au Devoir et Jean-François Cliche, journaliste scientifique au Soleil, ont répondu oui à l’unanimité. Selon eux, il faut continuer à faire du journalisme scientifique parce que les nouveaux enjeux sociaux ont une importante dimension scientifique, parce que la population entretient encore beaucoup de perceptions erronées des questions environnementales et parce qu’on cite trop rarement dans les médias des gens qui s’y connaissent en science. Pour sa part, l’historien et sociologue des sciences Yves Gingras a conclu l’atelier en insistant sur la nécessité de distinguer communicateur scientifique et journaliste scientifique. Le premier, comme son nom l’indique, communique la recherche alors que le second doit fouiller et aller plus loin que ce que lui disent les relationnistes.

Le dernier atelier de la journée s’est penché sur les défis et les pièges du numérique. Selon Martin Lessard, consultant en stratégie Web et en médias sociaux, avec l’apparition des médias sociaux, le ton et la personne sont maintenant indissociables du contenu. L’accès à l’information n’étant plus un problème, il faut filtrer toutes ces données. C’est ainsi que de nouvelles autorités émergent. Leur rôle : nous dire « voici ce qu’il faut que tu saches ». Pour devenir un de ces influenceurs, nous devons réaliser que nous sommes tous des gestionnaires de communauté comme le souligne l’animateur de radio et télévision, Matthieu Dugal. Le communicateur doit en fait se mettre lui-même en scène. « Il faut sentir la personne derrière le journaliste », explique-t-il.

La journée s’est terminée résolument tournée vers l’avenir avec l’assemblée générale annuelle de l’ACS, mais surtout avec la remise de la bourse Fernand-Seguin. Ce congrès aura donc permis de faire le plein d’optimisme et d’idées pour traverser une autre année dans un milieu peut-être en crise, mais certainement en transformation.

Microbiologiste de formation, Kathleen Couillard est maintenant journaliste scientifique. Elle est aussi l’auteure du blogue Maman Éprouvette qui démystifie la parentalité et le développement de l’enfant.

 

 

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