Le Centre canadien science et médias: augmenter la part de la science dans les médias d’ici


Le Centre canadien science et médias: augmenter la part de la science dans les médias d’ici

Le mardi 20 novembre 2012

Le matin du 19 septembre 2012, les médias sociaux s’emparent d’une nouvelle parue dans Le nouvel Observateur. «EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons», titrait l’hebdomadaire français.

Par Martin Primeau

Le matin du 19 septembre 2012, les médias sociaux s’emparent d’une nouvelle parue dans Le nouvel Observateur. «EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons», titrait l’hebdomadaire français. Bien qu’elle ait été mise au parfum de l’article, la faune médiatique québécoise s’est montrée prudente avant de relayer la nouvelle. Une précaution justifiée, du moins en partie, par le travail du Centre canadien science et médias (CCSM).

Stéphanie Thibault, jusqu’à tout récemment agente pour les médias québécois au CCSM, se souvient encore très bien de ce matin-là. «Cette histoire a fait école», raconte-t-elle.

Alors que Le nouvel Observateur préparait, de connivence avec le groupe de recherche de Gille-Éric Séralini, un dossier-choc sur l’article scientifique qu’il allait publier le jour même, le cousin britannique du CCSM, le «Science Media Centre», recueillait les commentaires de spécialistes au sujet de la même étude. Le jour de la sortie de l’article, les centres de science et médias de la planète transmettaient ces commentaires à leurs abonnés.

«Ça a fait en sorte que la nouvelle a été beaucoup moins relayée qu’en France et que sa couverture était bien mieux équilibrée, dit Stéphanie Thibault. La nouvelle, c’était que, oui, un article scientifique faisait du bruit, mais peut-être pas pour les bonnes raisons.»

Voilà un bon exemple de la mission que se donne le CCSM.

Un maillon entre scientifiques et journalistes

L’organisme, financé par des dons et subventions gouvernementales, cherche à se positionner comme courroie de transmission entre le monde de la recherche scientifique et celui des journalistes pour donner à ces derniers tous les outils dont ils ont besoin pour préparer des reportages de meilleure qualité.

«Ce qui manque souvent aux journalistes, c’est du temps pour se familiariser avec une problématique ou pour trouver les bons experts, explique Stéphanie Thibault. C’est ce genre d’information que le CCSM peut fournir.»

Alertes médias, veille scientifique, commentaires d’experts, documents thématiques et webinaires sont au nombre des initiatives qu’offrent les cinq membres de l’équipe pour tous les journalistes du pays. «Certains vont nous appeler aussi pour faire du remue-méninges et découvrir de nouvelles pistes ou de nouveaux angles», ajoute-t-elle.

Après un peu plus deux ans d’existence, le Centre accroit peu à peu la place qu’il occupe dans la sphère médiatique canadienne. Une situation d’autant plus notable au Québec car, selon l’ancienne responsable de la division québécoise de l’organisme, le nombre d’inscrits aux infolettres du CCSM a plus que doublé dans la province au cours de la dernière année. Un chiffre approchant maintenant les 180 abonnements.

Chantal Srivastava, journaliste à l’émission d’actualité et de culture scientifique Les années lumière de Radio-Canada, a contribué à faire connaître le service auprès de ses collègues de la grande tour. Pour elle, les annonces du CCSM sont devenues une lecture obligatoire pour ne rien manquer de ce qui se fait au pays. «L’intérêt, c’est qu’ils sont beaucoup plus concentrés sur le Canada, dit-elle. Ils essaient de trouver ce qui peut avoir un écho pour les auditeurs, lecteurs et téléspectateurs canadiens et de mettre en valeur les travaux des chercheurs d’ici.»

Une mission d’entremetteur qui n’est pas toujours simple selon Stéphanie Thibault. «Il y a une grosse barrière culturelle entre les journalistes et les scientifiques, indique-t-elle; avoir un médiateur, ça aide beaucoup. On espère qu’à un moment donné ça va devenir plus naturel pour les chercheurs de prendre part aux discussions et d’identifier les sujets sur lesquels une discussion scientifique serait nécessaire. Le rôle citoyen du chercheur bénéficie beaucoup de la place que le CCSM est en train de prendre.»

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Martin Primeau est journaliste indépendant, lauréat de la Bourse Fernand-Seguin 2008.

Crédit Photo: Robert Couse-Baker

 

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