Questions et réponses avec Marie-Claude Bibeau, directrice générale, Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke


Questions et réponses avec Marie-Claude Bibeau, directrice générale, Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke

Le jeudi 12 mars 2015

Le prochain congrès de l’ACS qui aura lieu le 6 juin 2015 aura pour thème La culture scientifique au Québec : crise et transformation. Mais comment se manifeste cette crise au sein des organismes de culture scientifique? Les restrictions budgétaires annoncées dans les médias ne nous en donnent qu’un vague aperçu. Et comme une crise est souvent l’élément déclencheur d’une transformation, les organismes touchés par les pertes de financement sont déjà en mode réflexion pour poursuivre leur mission.

Pour illustrer la situation et stimuler la réflexion en vue du congrès, l’ACS réalise des entrevues auprès d’organismes de culture scientifique œuvrant partout au Québec. Ces entrevues seront diffusées dans les infolettres À la une d’ici le mois de juin. 

En quelle année le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke a-t-il été fondé?

Le Musée est l’héritier des collections du Musée du Séminaire fondé en 1879, où il a été longtemps hébergé. Il n’a toutefois été incorporé officiellement qu’en 1973. Nous sommes propriétaires de nos locaux actuels sur la rue Frontenac depuis 2002.

Avez-vous subi des coupes dans votre budget au cours des deux dernières années?

Des petites subventions pour projets et commandites ont été coupées, comme certaines provenant d’un programme conjoint du ministère de la Culture et des Communications (MCC) et d’Hydro-Québec. Cela dit, le pire est associé à l’absence d’indexation, depuis 2006, de l’aide au fonctionnement du MCC, principal organe de soutien aux musées québécois. Pendant cette période, les dépenses ont augmenté avec l’inflation et l’indexation des salaires, mais on reçoit les mêmes montants en subventions.

De 2009 à 2013, nous avons reçu du MCC des subventions non récurrentes pour renouveler nos principales expositions (Terra Mutantès et AlterAnima), ce qui a temporairement compensé le gel de l’aide au fonctionnement. L’argent investi dans ces expositions a eu un effet notable sur notre achalandage et a permis d’augmenter nos revenus autonomes de 70 %. Sans ces fonds spéciaux, avec une aide au fonctionnement gelée depuis près de 10 ans, chaque année, nous devons couper dans les animations et la promotion pour boucler notre budget. C’est une spirale négative qui s’enclenche.

Est-ce que certains de vos projets sont en péril pour les années à venir?

À compter de 2016, nous présenterons trois et non plus quatre expositions temporaires chaque année. Nous avions aussi un simulateur de tremblement de terre qui était super populaire, mais que nous n’avons plus les moyens d’entretenir. Il a été simplement mis de côté.

Actuellement, nos animations sont souvent remplacées par des jeux autonomes. Par exemple, il n’y a plus de conteurs pour les familles à Noël, mais une visite autoguidée thématique. Nous perdons une part du contact humain. Nous avons d’ailleurs dû abolir deux postes (un animateur et un technicien à la conservation) pour la prochaine année.

Les conférences scientifiques grand public sont quant à elles limitées à celles organisées par des partenaires dans nos locaux. Nous n’investissons plus dans celles-ci.

Songez-vous à fermer au cours de la ou des prochaines années?

C’est hors de question, mais la situation reste préoccupante, en particulier si rien n’est fait pour ce qui est de l’indexation du soutien du MCC.

Quelles solutions envisagez-vous mettre en place pour faire face aux restrictions budgétaires actuelles?

Nous gérons actuellement un deuxième site, la Maison de l’eau, un centre d’interprétation de la nature. L’achalandage au Musée diminue en périodes de beaux temps, ce qui nous permet de déployer l’équipe de façon optimale en fonction de la température et d’éviter d’autres mises à pied. Le site possède un centre de location d’embarcations nautiques. Nous louerons donc des canots et des pédalos aux vacanciers pour financer en partie nos activités!

Par ailleurs, comme le recommandait le Rapport du Groupe de travail sur l’avenir du milieu muséal québécois, il y a des pistes de solutions dans le partage de ressources entre organismes et nous le faisons déjà à petite échelle. Par exemple, lorsque le Musée Beaulne de Coaticook bénéficie d’une subvention qui lui permet d’embaucher un technicien en muséologie pour six semaines, il peut faire appel à nous pour un prêt de services, sinon il lui est difficile, voire impossible de trouver une personne qualifiée pour une si courte période en région. Je crois donc qu’une piste de solution se trouve dans le soutien accru des institutions régionales avec un mandat d’accompagnement des plus petites organisations. Cela permet de consolider des emplois et de rendre les ressources compétentes accessibles en région.

 

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