Questions et réponses avec Marcel Lafleur, directeur, Centre de démonstration en sciences physiques


Questions et réponses avec Marcel Lafleur, directeur, Centre de démonstration en sciences physiques

Le jeudi 12 mars 2015

Questions et réponses avec Marcel Lafleur, directeur, Centre de démonstration en sciences physiques

Le prochain congrès de l’ACS qui aura lieu le 6 juin 2015 aura pour thème La culture scientifique au Québec : crise et transformation. Mais comment se manifeste cette crise au sein des organismes de culture scientifique? Les restrictions budgétaires annoncées dans les médias ne nous en donnent qu’un vague aperçu. Et comme une crise est souvent l’élément déclencheur d’une transformation, les organismes touchés par les pertes de financement sont déjà en mode réflexion pour poursuivre leur mission.

Pour illustrer la situation et stimuler la réflexion en vue du congrès, l’ACS réalise des entrevues auprès d’organismes de culture scientifique œuvrant partout au Québec. Ces entrevues seront diffusées dans les infolettres À la une d’ici le mois de juin. 

En quelle année le Centre de démonstration en sciences physiques (CDSP) a-t-il été fondé?

Le CDSP a été fondé en 1998 et en est à sa 17e année d’activités dans les murs du Cégep Garneau.

Avez-vous subi des coupes dans votre budget au cours des deux dernières années?

Cette année, Science, on tourne!, le concours scientifique et technique étudiant au collégial au Québec, a subi une coupe directe de 42 % dans le financement accordé par le programme du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science, octroyé aux productions étudiantes.

Des coupes indirectes nous touchent aussi. Par exemple, le programme NovaScience du ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations (volet Soutien aux projets) qui a été gelé pendant près de deux ans. Si le programme a refait surface l’automne dernier, c’est avec des fonds limités et une compétition féroce (taux de succès de 14 %). Nous et nombre d’autres organismes sommes touchés par cette situation.

Une autre source de préoccupations vient de l’orientation importante que prend actuellement le financement de la promotion des carrières. Le travail en amont de l’ouverture à la science — auquel nous participons — s’annonce de plus en plus difficile à financer. La culture scientifique, c’est plus que des emplois et de l’entrepreneuriat. Si l’on donne de la valeur au savoir et qu’on fait « triper » les jeunes par nos activités, ils auront le goût de continuer dans ce domaine.

Est-ce que certains de vos projets sont en péril pour les années à venir?

Non, mais certains nouveaux projets ont dû être reportés, notamment des initiatives d’appui à la formation des enseignants du primaire et du secondaire.

Même pour les projets qui fonctionnent bien, comme les conférences-démonstrations du CDSP, cela devient plus difficile. Bien que cette activité soit très populaire et qu’elle s’autofinance en bonne partie, elle aura toujours besoin d’un soutien public. Sans cet appui, il faudrait augmenter de façon importante les frais de participation des écoles. Or, le milieu scolaire subit lui aussi des coupes.

Évidemment, nous sommes allés chercher plus de soutien d’organismes privés et parapublics pour nos projets, mais, pour eux aussi, les temps sont durs. Le secteur privé accepte de prêter du matériel et de fournir du soutien technique, mais les commandites en argent sont plutôt rares.

Prévoyez-vous des mises à pied?

La précarité des emplois est inhérente à la culture scientifique, et ce, en raison des subventions ponctuelles que nous avons pour nos projets. Parfois, nous développons, parfois nous sommes dans un creux, comme actuellement. Le défi, c’est d’arriver à maintenir une équipe compétente et de ne pas perdre notre expertise. Nous avons par contre la chance d’être associés au Cégep Garneau, ce qui nous donne accès au bassin de compétences du personnel enseignant. Mais encore là, il faut trouver les sous pour payer leur dégagement de l’enseignement lorsqu’ils collaborent avec le CDSP.

Songez-vous à fermer au cours de la ou des prochaines années?

Non.

Quelles solutions envisagez-vous mettre en place pour faire face aux restrictions budgétaires actuelles?

Dans le contexte actuel, une partie de la solution réside dans la diversification de nos activités et dans les collaborations. Par exemple, outre nos conférences-démonstrations, nous avons amorcé des projets de collaboration avec l’Université Laval pour appuyer la formation des futurs enseignants. Nous travaillons aussi à développer en partenariat un volet de recherche en éducation scientifique. Ces projets ouvrent de nouvelles avenues de financement.

Reste que la question du financement demeure centrale. Pour pouvoir envisager des projets à moyen terme, il faudra que les bailleurs de fonds définissent clairement leurs orientations. Nous ne pouvons pas faire de développement sans savoir d’une saison à l’autre si les programmes de subvention seront reconduits, ni sous quelle forme et avec quels objectifs! Nous devons bien sûr adapter ces programmes, mais il faut avoir des lignes directrices claires et bénéficier d’une certaine stabilité pour pouvoir planifier et développer, voire innover.

Enfin, il faudra continuer à faire valoir l’importance de la culture scientifique au Québec. L’exemple des panneaux de Friends of Science sur le bord de l’autoroute 40 à Montréal (et contre lesquels l'ACS a réagi) illustre bien l’importance de la science et du développement de l’esprit critique.

 

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