Ces scientifiques qui bloguent


Ces scientifiques qui bloguent

Le jeudi 30 octobre 2014

Certains scientifiques décident de faire sortir la science du laboratoire par la voie du blogue, un outil tout adapté pour diffuser le savoir hors du cercle des spécialistes. Trois scientifiques blogueurs en expliquent les avantages et difficultés.

Par Lou Sauvajon

Communiquer la science aux citoyens et faire circuler le savoir scientifique est essentiel pour alimenter les débats de société. En ce sens, le blogue qui permet de faire réfléchir à la science dans la société est un très bon outil, explique Florence Piron, professeure titulaire au département d’information et communication à l’Université Laval. Pour elle, les blogues ont l’avantage « de joindre un public différent, plus important, plus varié que celui des publications scientifiques habituelles ». Elle alimente trois blogues qui s’adressent à toute personne s’intéressant à la science.

Patrice Brassard, professeur adjoint au département de kinésiologie à l’Université Laval, a commencé à écrire un blogue spécialisé dans son domaine en 2011. Depuis, il observe que ce moyen de transmission des connaissances prend de plus en plus d’importance.

De son côté, Benoit Duguay, professeur à l’école des sciences de la gestion à l’UQAM, s’adresse particulièrement à « monsieur et madame Tout-le-monde pour que le savoir ne reste pas confiné aux universitaires ». Il ne cible pas de lectorat en particulier, son but est plutôt que la science soit comprise par tous et toutes. Il se sert de ses deux blogues en plus de ses ouvrages afin de présenter ses recherches.

Si ce média permet de diffuser le savoir, il est aussi un vecteur pour véhiculer les pensées de l’auteur, ses opinions, ses indignations. Il faut avant tout aimer écrire; c’est un plaisir que trouve Florence Piron dans cet exercice. Pour elle, cela représente « la satisfaction d'une écriture plus libre, plus personnelle, voire plus provocatrice parfois ».

De plus, contrairement aux autres médias sociaux couramment utilisés, les auteurs peuvent s’exprimer sans restriction du nombre de mots. C’est une liberté très appréciée par les trois blogueurs.

Enfin, les blogues offrent l’avantage de l’interactivité avec les lecteurs. « C’est une grande satisfaction quand on a des réponses. Et puis s’ils sont négatifs tant pis, quand on a le courage de ses opinions il faut accepter les retours. Au moins j’aurai fait réfléchir », exprime Benoit Duguay.

En quête de visibilité

Les trois scientifiques avouent bloguer afin d’obtenir une certaine visibilité. Mais se faire remarquer dans la masse d’informations présentes sur le web n’est pas aisé. L’exercice requiert une certaine discipline. S’il veut être suivi, le blogueur doit donc être régulier dans ses écrits. « L’important avec les blogues, c’est d’être sérieux et de maintenir une certaine fréquence », souligne Patrice Brassard. Malheureusement, pour les trois scientifiques, le temps leur fait souvent défaut, ce qui les freine dans cette activité qu’ils exercent en plus de leur profession.

En bloguant, Benoit Duguay espère aussi acquérir une certaine notoriété. Il souligne tout de même les difficultés d’avoir un grand lectorat; pour sa part, les internautes répondent peu sur son blogue directement. « J’avoue que c’est une des raisons qui explique que j’aie ralenti un peu. Les gens réagissent plus sur les médias sociaux que sur le blogue ».Il se tourne donc vers Facebook et Twitter pour multiplier la visibilité des billets de son blogue.

Une piste évoquée par Florence Piron pour augmenter sa visibilité et se faire connaître serait de développer des agrégateurs de blogues.

Quel avenir pour les blogues?

Florence Piron pense que les blogues vont rester un lieu d'écriture très intéressant et fréquenté. Elle est heureuse de participer à « cette nouvelle forme de médiation scientifique qui n'est pas encore aussi connue et appréciée qu'elle le mérite ».

En fait, si l’on pose la question de l’avenir des blogues, les trois interlocuteurs répondent que c’est un média qui va subsister et qui continuera d’évoluer pour s’adapter aux attentes des surfeurs du web.


  • Benoît Duguay  - professeur, École des sciences de la gestion, UQAM

http://blogue.uqam.ca/consommation/presentation/

http://benoit-consommation.blogspot.ca/

  • Patrice Brassard -professeur adjoint, département de kinésiologie, Université Laval

http://www.sciencepresse.qc.ca/users/patbrassard

http://physiologiste.wordpress.com/about/

  • Florence Piron - professeure titulaire, département d'information et de communication, Université Laval

http://www.sciencepresse.qc.ca/users/fpiron

http://doctorama.ca/

http://www.commissionrecherche.com/

 

Lou Sauvajon est un jeune journaliste scientifique. Après un bac en biologie, elle décide de partager la science avec le grand public, et termine actuellement une maîtrise de communication publique avec spécialisation en journalisme scientifique à l'Université Laval. Elle écrit pour des médias universitaires et est bénévole pour un magazine de rue. Passionnée de musique et du son, elle se lance cette année dans les radios communautaires de Québec.

 

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