Le Saint-Laurent en partage


Le Saint-Laurent en partage

Le mercredi 3 septembre 2014

Les scientifiques produisent des données, beaucoup et vite. Tellement, qu’ils n’ont plus la capacité de toutes les analyser. Mais partagées, elles peuvent servir à beaucoup. Exemple!

Par David Carter

Centraliser les diverses données sur le Saint-Laurent : faune, glace, courants, marées, profondeur… Voilà la mission de l’Observatoire global du Saint-Laurent (OGSL). Le but est d’éviter la redondance et de favoriser le partenariat, explique Claude Tremblay, directeur général de l’observatoire depuis juillet 2013.L’idée d’un portail Web unique regroupant toutes les données sur le Saint-Laurent a germé dès 1998 chez les membres fondateurs, dont le ministère des Pêches et des Océans (MPO), l’UQAR et l’ISMER. La mise en ligne a eu lieu en 2003.

Auparavant, l’information se retrouvait à l’interne un peu partout. « Des trésors d’informations dormaient chez nos membres, il fallait les partager! », selon monsieur Tremblay. En plus de faciliter l’accès à l’information et la diffusion de celle-ci, l’observatoire offre une plus grande visibilité aux travaux de ses membres. Et qui dit plus de visibilité, dit plus de citations, « le nerf de la guerre en recherche », rappelle le directeur général de l’observatoire.

Qui plus est, regrouper l’information facilite sa gestion, en diminuant le temps nécessaire à la trouver et en réduisant les contraintes associées aux différentes normes de diffusion. La mise en commun de l’expertise encourage aussi les partenariats entre les membres. Cela explique pourquoi ceux-ci sont prêts à payer pour le service offert par l’observatoire.Les membres signent une convention de 3 ans qui précise leur contribution monétaire et les conditions d’utilisation. Normalement, quiconque (membre ou non) peut utiliser l’information contenue sur le portail, à la condition de mentionner la source. Les communicateurs scientifiques sont ainsi invités à profiter de cette source gratuite d’information.Les bases de données brutes demeurent chez les membres afin d’assurer leur mise à jour et de diminuer l’espace de stockage sur le site de l’observatoire. Avec des logiciels libres, celui-ci sélectionne, extrait et regroupe l’information dans un même format sous un même thème. Par exemple, la section Biodiversité contient des données sur les mammifères marins, les oiseaux, les poissons…

En 2013 – 2014, le site de l’observatoire a reçu plus de 100 550 visiteurs. « Ce n’est pas autant que YouTube, mais c’est excellent pour ce genre de service, selon monsieur Tremblay. Et cela attire de nouveaux membres… Plus on a de membres, plus on est fort! », ajoute-t-il.Questionné sur l’enjeu environnemental des zones protégées du Saint-Laurent, monsieur Tremblay signale que l’OGSL est neutre « comme les eaux internationales ». « Le but de l’observatoire est de faciliter le partage de données, pas de prendre position. On diffuse l’information à tous, dont les décideurs. », précise-t-il.


 

Aux jumelles, citoyens!

 D’ailleurs, en plus des chercheurs, des représentants de l’industrie, des pilotes commerciaux et des plaisanciers, l’observatoire s’adresse aussi au grand public.Depuis juillet 2014, ce dernier est invité à partager ses observations de cétacés, de phoques et d’autres espèces d’intérêt à travers une nouvelle application de saisie développée par l’OGSL en collaboration avec le Réseau d'observation de mammifères marins (ROMM), grâce au soutien financier d’Environnement Canada. 

Avec cet outil, tous les citoyens peuvent dorénavant participer à la collecte d’information pour documenter les habitudes de fréquentation des mammifères marins, « que leur observation se fasse à partir d’une embarcation, de la côte ou en plongée sous-marine », souligne Esther Blier, directrice générale du ROMM. « Toutes les données seront validées avant diffusion sur le site Internet de l’OGSL », précise monsieur Tremblay. Alors citoyens, à vos jumelles!

Par ailleurs, d’ici 5 ans, monsieur Tremblay espère que l’observatoire développera un indice de santé du Saint-Laurent, sur le modèle du Ocean Health Index. Basé sur différents critères (qualité de l’eau, protection des rives, taux de biodiversité…), un tel indice permettrait d’avoir une vision globale de la santé du fleuve. Tout pour faciliter l’accès à l’information!

 

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David Carter, agronome et biologiste de formation, repère les tendances en matière d'innovation pour le gouvernement du Québec. Vous pouvez le suivre sur Twitter @DavidCarter52

 

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