Que nous réserve la Biosphère 2.0?


Que nous réserve la Biosphère 2.0?

Le mercredi 21 mai 2014

Juin 2012 : le gouvernement fédéral annonce sa décision de modifier le mandat de la Biosphère, seul musée de l’environnement au pays. Deux ans plus tard, qu’offre aujourd’hui ce lieu emblématique de la métropole?

Par Alexandre Guertin-Pasquier

En mettant les pieds dans cette gigantesque boule d’acier, force est de constater que la métamorphose des lieux a débuté. Mais les habitués ne seront pas dépaysés pour autant : la plupart des expositions présentées avant juin 2012 sont en effet toujours accessibles. Cette année encore, l’emblématique « +1 °C, qu’est ce que ça change? », dédiée au réchauffement climatique, et « Objets non enfouis », laquelle se penche sur la problématique du gaspillage, seront les têtes d’affiche de la Biosphère.

D’importants changements sont toutefois prévus à court terme. « La Biosphère demeurera un musée ouvert au public, explique Jean Langlais, directeur des lieux. Nous avons toutefois décidé depuis deux ans de mettre davantage l’accent sur la météorologie et le climat, où la population a une lacune de connaissance selon nous, plutôt que strictement sur l’environnement. Nous pensons également que ce mandat correspond mieux à l’expertise actuelle d’Environnement Canada. » Il s’agit ainsi d’un troisième changement de vocation pour la Biosphère depuis 1995. À cette époque, elle était le premier musée canadien consacré à l’eau.

Dans cette optique, les visiteurs sont invités depuis le début de l’année à se questionner sur les récents enjeux énergétiques, grâce à « Énergies renouvelables – l’heure des choix ». Le nouveau Écolab, quant à lui,permet aux petits comme aux grands de s’initier à la pollution de l’air et de l’eau. La Biosphère prévoit aussi l’ouverture de plusieurs expositions en 2014, qui mettront notamment en vedette le transport durable, la ressource hydrique et les environnements arctiques.

Jusqu’à maintenant, le changement progressif de la Biosphère n’a toutefois pas fait que des heureux. Les restructurations récentes se seraient en effet soldées par le transfert d’environ 75 % des employés, principalement ceux attitrés aux aspects muséaux et d’animation. « Certains de ces employés ont quitté la fonction publique pour démarrer leur propre entreprise, alors que d'autres se sont tournés vers le privé, sont retournés aux études ou ont opté pour la retraite », explique Pascal Lauzon, porte-parole du syndicat des employés d'Environnement Canada relevant de la Biosphère.

Conséquence, ce sont des firmes privées qui en majorité concevront les expositions. Aussi, les services d’animation et les conférences seront limités, même s’ils sont offerts essentiellement par le personnel d’Environnement Canada. En outre, dans un proche avenir, les services proposés aux groupes scolaires feront l’objet de discussions, dans un contexte de réduction d’effectifs.

Paradoxalement, la Biosphère pourrait toutefois accueillir beaucoup plus d’employés à moyen terme. Mais pour des raisons non reliées à sa vocation muséale. « Une de nos priorités est l’incorporation d’autres équipes d’Environnement Canada, afin que les lieux deviennent un centre canadien d’expertise », explique M. Langlais. Cette réorganisation permettrait ainsi de maximiser l’utilisation des nombreux bureaux actuellement vacants de la sphère d’acier.

Enfin, la disparition récente de la maison solaire, véritable laboratoire ouvert des technologies vertes, ne doit pas, selon M. Langlais, être attribuée aux récentes modifications d’orientation. « Ce projet était le résultat d’une entente de trois ans entre le parc Jean-Drapeau, l’École de technologie supérieure et les Universités de Montréal et McGill. Or, cette entente s’est terminée. La maison solaire a ainsi atteint la fin de son cycle de vie ». La Biosphère demeure ouverte à toute proposition de projets similaires, conclut son directeur.

Le musée de l’environnement sera ouvert au public tous les jours de 10 h à 17 h à partir du 1er juin. Avant cette date, la Biosphère ne sera accessible que du mercredi au dimanche.

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Alexandre Guertin-Pasquier est récipiendaire du Prix de la Relève 2013 de la bourse Fernand-Seguin; il est actuellement en stage à l’émission Découverte dans le cadre de cette bourse. À l’occasion d’un stage précédent à Découverte, lors de son certificat en journalisme, il avait écrit les textes du dossier spécial « Climat : où en sommes-nous? ». Il est également chargé de cours au département de géographie à l’Université de Montréal et vice-président du Musée de paléontologie et de l’évolution de Montréal.

 

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