Entrevue avec Philippe Robitaille-Grou, lauréat de la bourse Fernand-Seguin 2021


Entrevue avec Philippe Robitaille-Grou, lauréat de la bourse Fernand-Seguin 2021

Le mercredi 9 juin 2021

Faites connaissance avec les lauréat.e.s des prix 2021 de l’ACS

Le vendredi 28 mai dernier, l’Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS) et Radio-Canada ont dévoilé les noms des lauréat.e.s de la bourse Fernand-Seguin 2021. Véritable tremplin pour qui veut faire une carrière médiatique, la bourse Fernand-Seguin offre une chance unique à de jeunes talents d’apprendre le métier de journaliste scientifique auprès de professionnel.le.s du milieu œuvrant dans des médias reconnus. Philippe Robitaille-Grou a reçu le premier prix pour son article intitulé « Progrès quantiques ou regrets éthiques? Telle est la question ».

Philippe Robitaille-Grou, quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a intéressé dans la bourse Fernand-Seguin ?

Au cégep, j’ai étudié en sciences, lettres et arts au Collège de Bois-de-Boulogne. J’ai ensuite poursuivi ma formation en mathématiques à l’Université de Montréal, où je termine présentement ma maîtrise en algèbre. Un intérêt pour la communication mathématique et scientifique germe en moi depuis longtemps et diverses expériences accumulées au fil de mon parcours scolaire ont promu cet intérêt au rang de passion. J’ai notamment eu la chance de m’impliquer dans quelques journaux étudiants, de donner des conférences lors de séminaires et de faire un stage en journalisme de données au quotidien Le Devoir. Le concours de la bourse Fernand-Seguin représentait donc pour moi une opportunité en or d’arrimer mes amours pour les sciences et pour le journalisme.

Qu’est-ce que la préparation de votre candidature vous a appris sur vous-même ou sur le journalisme scientifique ?

N’ayant pas eu de formation théorique en journalisme, j’ai énormément appris tout au long du processus de candidature. Pour me préparer, j’ai commencé à porter attention aux moindres détails lors de mes lectures d’articles de journalisme scientifique : structure du texte, façon de présenter le sujet, longueur de phrases, choix de mots, etc. Cet exercice m’a aidé à développer ma plume journalistique et m’a permis d’admirer d’autant plus le travail colossal se cachant derrière tout bon article.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui s’intéressent à la bourse et qui pensent soumettre leur candidature ?

Je conseillerais surtout de ne sous-estimer l’importance d’aucune étape dans la création du produit journalistique. À la base, le choix du sujet est crucial : s’il n’intéresse pas la personne qui écrit, il y a fort à parier qu’il n’intéressera pas davantage la personne qui lit. Avant de faire son choix définitif, c’est une bonne idée d’entamer une recherche plus approfondie et de se demander s’il est possible de trouver un angle de traitement original, suffisamment de contenu et des spécialistes disposés à élaborer sur les différents aspects en jeu. Avant la rédaction, je suggérerais de prendre le temps d’organiser l’ensemble de ses informations pour s’assurer d’avoir un texte fluide et accrocheur du début à la fin. Laisser son texte quelques temps en jachère permet aussi de prendre un certain recul afin de pouvoir en arracher les mauvaises herbes.

Qu’est-ce que le journalisme scientifique vous apporte ?

Le journalisme scientifique est pour moi une source intarissable d’apprentissages. Chaque article ou reportage est l’occasion de m’immerger dans un nouveau monde, dans de nouvelles histoires et au cœur de nouvelles découvertes. Il m’apporte également un meilleur regard critique sur les avancées scientifiques et technologiques, ce qui est plus que nécessaire en cette ère de médias sociaux où les informations pullulent de toute part.

Et selon vous, qu’est-ce qu’il apporte à la société ?

En mon sens, la démocratisation de toute société passe obligatoirement par la démocratisation des savoirs. Le milieu scientifique est en constant foisonnement, mais la complexité des phénomènes étudiés a tendance à isoler le monde de la recherche du grand public. Nous avons besoin des informations scientifiques pour réfléchir, dialoguer et nous prononcer sur les multiples enjeux du quotidien. De là l’importance non seulement de rapporter les nouvelles, mais aussi de les mettre en contexte et d’en présenter toutes les facettes. Plus encore, mes études en mathématiques m’ont permis de constater qu’une grande incompréhension est fréquemment manifestée à l’égard de la recherche fondamentale. Celle-ci est souvent difficile à justifier strictement d’un point de vue économique ou politique, mais reste essentielle pour nous amener à mieux comprendre le monde. Parfois elle mène même à des révolutions, comme celle des technologies quantiques développées à partir des principes théoriques de mécanique quantique. Le journalisme et la communication scientifique permettent alors de rendre ces recherches plus accessibles et moins stigmatisées.

Lire l'article de Philippe Robitaille-Grou, qui lui a permis de remporter le premier prix de la bourse Fernand-Seguin 2021 : « Progrès quantiques ou regrets éthiques? Telle est la question ».

 

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