Rencontre avec Anne-Marie Desbiens, lauréate du prix Hubert-Reeves 2020, Grand public


Rencontre avec Anne-Marie Desbiens, lauréate du prix Hubert-Reeves 2020, Grand public

Le lundi 17 août 2020

Faites connaissance avec les lauréates et le lauréat 2020 des prix de l’ACS !

Bien que leur profil et leur parcours soient complètement différents, ils.elles ont pour point commun d’avoir remporté un prix de l’ACS cette année. Nous les avons virtuellement rencontré.e.s pour en apprendre davantage sur leur intérêt pour la culture scientifique.


Anne-Marie Desbiens, vous êtes l’autrice de Mieux conserver ses aliments pour moins gaspiller, publié par les Éditions La Presse. Pourquoi avez-vous choisi de traiter de la conservation des aliments dans votre livre ?

Le sujet s’est imposé par lui-même. La majorité des questions que les gens me posent concerne la conservation des aliments et les articles traitant de ce sujet sur mon site web sont toujours les plus populaires. Également, il n’existait pas d’ouvrages grand public expliquant comment bien conserver ses aliments. Oui, il y a une panoplie de livres sur la mise en conserve et la fermentation, mais aucun qui traite de ce sujet dans son ensemble et surtout qui explore la thématique en profondeur. En écrivant le livre, j’avais en tête de créer un ouvrage complet, qui allait couvrir tout concernant la conservation. Et je crois que c’est mission accomplie, car le commentaire que je reçois le plus suite à la publication du livre est que c’est une véritable « bible » !

Vous en avez également réalisé les illustrations. Qu’elles étaient vos intentions en enrichissant le livre de cette manière ?

C’est cliché de le dire, mais c’est vrai qu’une illustration vaut mille mots. Le fait de pouvoir synthétiser la matière et de la rendre digeste pour le grand public est l’essence de la vulgarisation scientifique. Ainsi, les illustrations sont primordiales pour mettre une image sur des mots qui sont parfois complexes ou carrément inconnus pour certaines personnes. Par exemple, le fait d’illustrer les enzymes en personnage de robots m’a permis d’expliquer que les enzymes ne sont pas vivants, mais qu’ils peuvent accomplir des tâches simples, comme couper des molécules. Évidemment, les illustrations égaient aussi l’ouvrage, ce qui aide à rendre la matière, qui est plutôt scientifique, plus légère et ludique !

Selon vous, qu’est ce que la vulgarisation de la science apporte à la société ?

Personnellement, je suis convaincue que le savoir, c’est le pouvoir. En écrivant le livre, mon objectif principal était d’expliquer comment les aliments deviennent périmés, quels sont les mécanismes qui font que notre nourriture se gâte. Parce qu’en comprenant comment les microorganismes, les enzymes, l’oxygène et les autres phénomènes attaquent nos aliments, on peut ensuite, par nous même, savoir comment les contrecarrer et donc conserver ses aliments. Vulgariser la science permet donc au grand public d’être plus autonome, de comprendre plus facilement les enjeux et surtout d’être critique, par exemple, lorsqu’une fausse nouvelle fait surface sur les réseaux sociaux.

Enfin, quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite écrire un livre scientifique destiné au grand public ?

À la base, il y a le fait de bien vulgariser. Ça semble simple comme conseil, mais ce n’est pas aussi facile que ça à faire. Trouver le juste milieu entre un texte trop vulgarisé et pas assez est difficile. Se faire la main en publiant des articles sur les réseaux sociaux est un bon moyen d’y arriver. Faire lire son livre, en cours d’écriture, par des gens sans bagages scientifiques est aussi une excellente façon de savoir si le contenu n’est pas assez mâché pour être compris. D’un autre côté, demander à un collègue scientifique de commenter l’ouvrage nous permet de valider si le contenu est trop vulgarisé et s'il a perdu son essence.
Illustrer son propos est aussi très utile, pour rendre l’ouvrage plus léger et vulgariser davantage. On n’a pas besoin d’être un illustrateur pour y arriver, plusieurs ouvrages ont des dessins à la main levée, un peu gribouillés, et c’est vraiment chouette.
Finalement, mon meilleur conseil est de bien cerner le besoin des gens. J’aurais pu choisir d’écrire un livre sur un thème qui m’intéressait personnellement plus que celui-ci. Par contre, ce livre aurait moins fait œuvre utile. Dans mon cas, la conservation des aliments avait grand besoin d’être démocratisée, expliquée, vulgarisée, et ce de bonne façon. J’ai personnellement trop vu de fausses nouvelles, de pratiques douteuses d’un autre temps ou encore d’erreurs flagrantes et parfois dangereuses en conservation des aliments. Tout ça parce que les gens ignoraient comment bien garder leur nourriture. Bref, il fallait remettre les pendules à l’heure et combler le manque dans le marché pour un livre comme celui-ci. C’est comme ça que la conservation des aliments s’est imposée comme sujet.

Mieux conserver ses aliments pour moins gaspiller, de Anne-Marie Desbiens, publié par les Éditions La Presse, a remporté le prix Hubert-Reeves 2020, catégorie Grand public.



Anne-Marie Desbiens

 

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