Bar des sciences autour des contaminants d’intérêt émergent


Bar des sciences autour des contaminants d’intérêt émergent

Le mercredi 12 mars 2014

Le 12 février 2014, la cellule ACS de Québec organisait un bar des sciences au Pub Galway. Attablés autour d’un souper et d’une bière, quatre spécialistes et une vingtaine de curieux ont discuté des contaminants d’intérêt émergent.

Par Lou Sauvajon

Un contaminant d’intérêt émergent, « c’est un produit chimique qui peut présenter une menace potentielle pour la santé ou l’environnement et qui ne fait pas encore l’objet de critères ou de normes », a expliqué Mélanie Desrosiers, écotoxicologue pour le Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP). D’après elle, 20 000 molécules sont actuellement étudiées par le gouvernement fédéral. Il s’agit de substances nouvelles ou de substances connues dont « on ne soupçonnait pas les effets ou la présence dans l’environnement ». Ces produits se retrouvent dans notre environnement et peuvent avoir un impact sur notre santé, sur celles de nos enfants et sur les écosystèmes qui les accumulent. Pourtant, selon Mélanie Desrosiers, « les préoccupations sur les contaminants ne sont pas encore complètement partagées par monsieur et madame tout le monde ». C’est là que le rôle du communicateur scientifique prend toute son importance. Lors de cette table ronde conviviale, et dans une atmosphère décontractée, quatre intervenants d’expertise variée ont pu répondre aux questions du public.

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Si certaines substances ne se retrouvent qu’en concentrations infimes, elles peuvent quand même présenter un danger. D’une part, elles s’accumulent dans les écosystèmes et peuvent s’additionner en « cocktail », d’autre part, leurs produits de dégradation peuvent également s’avérer toxique. Tout ceci augmente la présence de toxiques dans notre environnement. La principale difficulté est de règlementer rapidement ces substances. Avec la croissance rapide de l’industrie, le défi est énorme, comme l’a souligné Gaëlle Triffault-Bouchet, écotoxicologue au MDDEFP. L’industrie n’est cependant pas la seule en cause. Les eaux usées municipales et l’agriculture sont également des sources de contamination. D’après Mélanie Desrosiers, la situation s’est améliorée depuis les années 60 au Québec, en particulier sur le plan environnemental. « Il y a eu de grands progrès dans les dernières années. Avant les années 70, il y avait très peu de stations d’épuration des eaux municipales et les industries relâchaient tout dans le fleuve, sans aucun contrôle », a-t-elle souligné. 

Il subsiste en revanche certains points sensibles. Janice Bailey, vice-doyenne à la recherche de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation à l’Université Laval et professeure au Centre de recherche en biologie de la reproduction, ne peut s’empêcher de hausser le ton lorsqu’elle évoque les coupes budgétaires. Pour elle, le fait que la recherche est de plus en plus financée par les entreprises pose des risques. Même si elle considère les partenariats avec l’industrie comme très précieux, elle met le public en garde contre certains effets insidieux des compressions budgétaires, comme « le fait qu’il y a des recherches très orientées vers les besoins industriels », eux-mêmes sources de contaminants.

Rino Dubé, ingénieur civil en environnement a apprécié l’échange : « Dans notre monde scientifique, on est bien au fait de la situation et des problématiques. Je trouve ça très intéressant de pouvoir les exposer et les vulgariser pour le public », a-t-il dit. Janice Bailey a aussi apprécié le choix des participants. Ceux-ci provenaient de milieux très divers et avaient des points de vue différents. Elle a aimé le format du bar des sciences et serait même prête à le recommander à d’autres scientifiques, voire à aider l’ACS à trouver de nouveaux intervenants.

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Curieuse de découvrir le monde qui l’entoure, Lou Sauvajon s’est orientée dans un premier temps vers l’étude des sciences avant de prendre conscience de l’intérêt dominant qu’elle portait au partage et à la diffusion des connaissances. Elle étudie présentement en maitrise en communication publique avec spécialité en journalisme scientifique à l'Université Laval.

 

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