Physique ambulante au Saguenay-Lac-Saint-Jean


Physique ambulante au Saguenay-Lac-Saint-Jean

Le mercredi 19 février 2014

Catacombes du Cégep de Chicoutimi : des fils électriques entremêlés, d’étranges appareils et une grosse boule argentée chargée en électricité statique. PAF! Une décharge électrique nous fait sursauter. La présentation « Éclair de génie » est née.

Par Emmanuelle Bergeron

« Éclair de génie » est la plus récente édition des conférences démonstrations du Centre de démonstration scientifique (CDS) du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Développée par Raynald Richer, professeur de physique au Cégep de Chicoutimi, et son aide-technicien Émile Grenon, elle s’adresse aux élèves de la fin du primaire ou du secondaire. « Contrairement aux séries d’expériences scientifiques qui fascinent les plus jeunes, nos conférences comportent une mise en scène. Nous présentons des concepts de physique et de génie, nous les situons dans l’histoire et nous racontons aussi la vie des gens qui les ont découverts. La plupart des jeunes que nous rencontrons ont déjà fait des cours de science, nous proposons quelque chose de complémentaire à leur programme », précise l’animateur de toutes les présentations, Raynald Richer.

« L’objectif de la conférence n’est pas de répéter le cours de science, c’est plutôt d’aller plus loin, ailleurs et surtout, d’y aller différemment. Nous exposons les élèves à une véritable démarche scientifique, c'est-à-dire qu’on pose une question, puis on trouve une réponse par l’expérimentation scientifique ». Les élèves sont invités à monter sur scène et à participer aux expériences. C’est pour eux un contact unique avec la science, mais aussi avec ceux qui travaillent dans ce milieu : un physicien ou un technicien en électronique par exemple.

démonstration physique

À la suite du succès du Centre de démonstration en sciences physiques situé au Cégep Garneau à Québec, le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE), à l’époque, avait financé la création de plusieurs centres, dont celui de Trois-Rivières et de Matane. À Chicoutimi, Raynald Richer a voulu faire autrement : créer des activités qui se déplacent dans les auditoriums des écoles secondaires au lieu de faire venir enseignants et élèves dans le centre.

« Le défi est plus audacieux », raconte le physicien. « Notre équipement doit être mobile, pliable, et nos présentations scénarisées, afin de tout prévoir. Si jamais une ampoule grille, on ne peut pas se retirer dans l’entrepôt pour la remplacer… Bien sûr, nous avons eu notre lot d’aventures, mais avec une bonne préparation et un peu d’improvisation, nous avons toujours réussi à nous adapter ».

La première année de sa création, en 2008, le CDS a rencontré 1 500 élèves avec « L’air de rien », une conférence sur les propriétés de l’air. Puis, elle a gagné en popularité avec « Ça sonne, ça résonne » exposant les différents aspects du son et « Affaires d’état » sur les différents états de la matière. En 2013, les Jeux du Québec de Saguenay ont fourni l’occasion de rencontrer les jeunes avec « Contact », sur la science du sport. L’an dernier, plus de 8 000 jeunes ont vécu l’expérience du CDS dans les écoles, mais aussi lors de festivals ou d’événements, tel le Salon des carrières.

Les conférences démonstrations sont aussi une occasion pour Raynald Richer de travailler en parallèle sur un autre sujet qui lui tient à cœur : le développement de la vulgarisation scientifique par les professeurs du niveau collégial. « Plusieurs scientifiques de ce corps professoral possèdent des maitrises ou des doctorats et ils sont habitués à vulgariser leurs spécialités », remarque-t-il. « Je m’intéresse à l’effort de vulgarisation qui s’opère au-delà des médias, celui qui se fait entre les spécialistes, entre l’élève et l’enseignant et au rôle que la vulgarisation scientifique peut jouer dans la formation des maitres ». D’ailleurs, le CDS examine présentement la possibilité de développer des activités en collaboration avec le département de didactique de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

L’année 2013 a couronné les efforts de Raynald Richer. Il a reçu le prix Alphonse-Huard, décerné par la fondation de l'Université du Québec à Chicoutimi, pour la promotion des sciences et technologies. Parions que cette reconnaissance permettra au Centre de démonstration scientifique de rayonner encore davantage...

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Emmanuelle Bergeron est journaliste scientifique à Chicoutimi. Elle écrit sur le web (Passeport Santé, Québec en Forme) et pour la presse écrite. Elle fait de la rédaction muséale, notamment pour le Musée du Fjord et a aussi écrit deux livres à saveur scientifique pour les jeunes.

 

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