J’suis capable!


J’suis capable!

Le mercredi 19 février 2014

En 2012, le Carrefour des sciences et technologies de l’Est-du-Québec, situé à l’UQAR, a mis sur pied le programme « J’suis capable ». Coup d’œil avec Roselyne Escarras, directrice du Carrefour.

Par David Carter

« J’suis capable » s’adresse aux élèves du primaire en zones rurales défavorisées. Ces jeunes sont peu exposés au contexte scientifique et connaissent de hauts taux de décrochage scolaire : jusqu’à 75 % des garçons dans un des villages participant au programme. Ceux qui persévèrent se dirigent rarement vers les domaines scientifiques. Avec le programme « J’suis capable », les jeunes vivent 24 journées d’immersion en science et technologie réparties sur trois ans. Ces journées sont conçues et animées par des passionnés de sciences. La plupart sont étudiants au Cégep ou à l’université, les autres sont professeurs ou proviennent des entreprises ou des clubs scientifiques locaux. Les animateurs deviennent des modèles et des mentors pour les jeunes… et pour leurs enseignants!

En ce qui concerne le financement, tout s’était très bien déroulé la 1re année. La 2e, le programme a reçu moins d’argent du ministère parce que le projet avait commencé avant la décision du MESRST de financer le programme Novascience. Cette année-ci (la 3e du programme), J’suis capable n’a reçu aucune aide financière, ni du ministère, ni du Cégep, ni de l’UQAR, qui fournissaient chacun 20 000 $. Grâce à la volonté de ses animateurs et bénévoles, le programme se poursuit tout de même, soutenu par un don de 5 000 $ de Télus et un apport de 5 000 $ du fonds discrétionnaire du ministre Pierre Duchesne.

J'suis capable

Les ateliers, très concrets, font passer les jeunes à l’action. À trois ou quatre, ils manipulent, construisent ou fabriquent : fouilles archéologiques dans des bacs fabriqués par les animateurs, montage d’une éolienne, production et mesure d’électricité à partir de citrons. Bref, ils font de vraies expériences avec de vrais scientifiques. Les animateurs leur parlent aussi de leur itinéraire scolaire, de leur travail et des métiers reliés au thème de l’atelier. Le but? Ouvrir un éventail de domaines auxquels les jeunes ne pourraient être exposés chez eux.

Seuls les étudiants sont rémunérés. « Cela motive un peu plus certains d’entre eux. Ils apprennent à vulgariser, ce qui est important pour des scientifiques. Plusieurs parlent de continuer à travailler dans l’animation », explique Mme Escarras. « D’ailleurs, les deux coordinatrices de cette année sont d’anciennes animatrices », ajoute-t-elle fièrement!

Des bénéfices pour tous

À la suite de leur expérience, les jeunes reçoivent une fiche de questions et font un bilan de l’activité avec l’enseignant. « Un prétexte pour échanger ce qu’ils ont vécu avec leur famille », explique Mme Escarras. La sensibilisation des parents et du milieu par les jeunes et les organisateurs du programme crée à son tour une ouverture des adultes envers ces domaines scientifiques. Mme Escarras rappelle que « les métiers des parents tournent la plupart du temps autour de la foresterie, du camionnage, de la mécanique et de la construction. De plus, les jeunes ne sortent pas souvent du village. Ils ont ainsi une gamme très réduite de modèles professionnels ».

Quant aux enseignants, ils perfectionnent leurs connaissances et leurs outils pédagogiques. « Les profs du primaire ont acquis peu de formation en science au cours de leurs études et disent ainsi continuer à apprendre », mentionne Roselyne Escarras.

En entrevue individuelle, à la fin de chaque année, la quasi-totalité des jeunes rapporte avoir aimé le programme. Ils disent parler de leurs activités avec leurs parents, avoir reçu des cadeaux scientifiques pour Noël. L’un, qui d’un air laconique parlait de reprendre la ferme de ses parents, envisage maintenant d’étudier les semences. Une jeune fille répète à qui veut l’entendre qu’elle veut être biologiste. Plusieurs disent « Quand je serai à l’université… »

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Agronome et biologiste de formation, David Carter repère les tendances en matière de recherche et de science pour le gouvernement du Québec. Vous pouvez aussi le suivre sur Twitter @DavidCarter52.

 

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